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Exclu – Ludovic Obraniak : « J’ai l’impression de revivre ce que j’ai vécu en 2011 »

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Crédit photo : Imago

La date du 14 mai 2011 est inscrite dans la mémoire des supporters lillois. Ce soir-là, Ludovic Obraniak, sorti du banc quinze minutes avant la fin de la finale de la Coupe de France, délivre les Dogues au bout du suspense. Entretien.

Un parcours exemplaire

Le LOSC démarre la Coupe de France par un 32e de finale en Lorraine, face à l’US Forbach, qui évolue alors en CFA 2 (actuel National 3). Favorite, l’équipe de Rudi Garcia doit toutefois se méfier : l’année précédente, c’est face à une équipe du même niveau (Colmar) que le LOSC est éliminé dès le premier tour. La leçon est retenue, et le LOSC s’impose avec sérieux en allant gagner trois buts à un grâce à des buts de Hazard, Chedjou et Gervinho. Le match qui suit voit les Dogues affronter le voisin de l’ES Wasquehal. Les Lillois assurent l’essentiel avec un but de Tulio de Melo. Direction les 8e de finale, et un match face au FC Nantes, qui végète en Ligue 2. Le LOSC joue à se faire peur et concède l’ouverture du score par Djordjevic. Mais les Nordistes réagissent juste avant la mi-temps par l’intermédiaire d’Eden Hazard, sur un centre venu de la droite de l’inévitable Ludovic Obraniak. Le LOSC n’arrive pas à percer le verrou nantais, et les deux équipes doivent finalement se départager aux tirs aux buts. Mickaël Landreau finit par sauver le LOSC en stoppant la tentative d’un certain Ronny Rodelin, et permet au club de s’envoler vers les quarts.

Face au FC Lorient, l’ancien gardien de la Beaujoire est de nouveau décisif : après un match terne et un score nul et vierge, les deux équipes doivent se départager lors d’une séance de tirs aux buts. Landreau stoppe deux tentatives, et le LOSC n’est plus qu’à un match du Stade de France. En demi-finale, le LOSC affronte l’OGC Nice dans un Stade du Ray bouillant. Mais les Dogues ne se dégonflent pas : ils maîtrisent leur fondamentaux et finissent logiquement par ouvrir le score par l’intermédiaire du génie belge Eden Hazard. En deuxième période, Gervinho s’en va défier le gardien et fait le break. Le LOSC se qualifie en finale pour la première fois depuis cinquante-six ans.

Une soirée sous haute tension

Le 14 mai 2011, c’est le grand jour. Des dizaines de bus partent du Stadium, bondés de supporters loscistes brûlant d’impatience à l’idée de voir leurs joueurs soulever un premier trophée cette saison. Ils seront malgré tout en infériorité face à des Parisiens qui jouent quasiment à domicile. Michel Seydoux harangue la tribune lilloise avant la rencontre. La Coupe de France trône fièrement sur le bord du terrain. Comme le veut la tradition, La Marseillaise est entonnée et le Président de la République de l’époque Nicolas Sarkozy salue les joueurs. Après les formalités, place au jeu. Les deux équipes alignent leurs équipes types ou presque. Seul absent (de taille) côté lillois : Florent Balmont voit le match depuis les tribunes et est remplacé par le jeune Idrissa Gueye, aligné aux côtés de Rio Mavuba et Yohan Cabaye. Excepté ce changement notable, le reste du onze est composé par les titulaires habituels : Mickaël Landreau dans les cages, la charnière centrale Rami-Chedjou, Debuchy et Béria sur les côtés, et en attaque l’incontournable trio Gervinho – Sow – Hazard. L’enjeu est immense, tel qu’il prend le dessus sur le jeu. Le match est fermé, les deux équipes ne prennent pas vraiment de risques et s’observent. La pression est palpable des deux côtés. Après une première période légèrement dominée, le LOSC subit plus aux retours des vestiaires, et il faut encore compter sur un Landreau des grands soirs pour garder le navire à flots. Rudi Garcia sent qu’il faut modifier quelque chose. Il décide de faire rentrer ses habituels jokers de luxe. A l’heure de jeu, c’est le brésilien Tulio de Melo qui remplace Gueye, puis à la 79e minute, Ludovic Obraniak remplace Sow.

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Et la lumière fut

Il reste trois minutes à jouer dans le temps réglementaire quand Mathieu Debuchy déborde une énième fois sur son côté droit. Cette fois-ci, Siaka Tiéné arrive en retard et se voit logiquement averti. Le LOSC obtient un très bon coup-franc, parfaitement placé pour la patte gauche d’Obraniak. On se dit alors que le franco-polonais va chercher un coéquipier bien placé, d’autant plus que l’équipe possède de bons gabarits sur le terrain. Comme à son habitude, Obraniak enroule au second poteau. Le ballon monte, si haut que Coupet ne fait que regarder le ballon, pensant qu’il va sortir. Les supporters retiennent leur souffle, le commentateur marque un temps d’arrêt… et finalement, le ballon touche le poteau, et termine sa course dans les filets adverses. Le buteur, stupéfait, célèbre, presque étonné d’avoir marqué. Le virage sud du Stade de France, réservé aux Lillois, exulte. Sur l’engagement, le LOSC part en contre. Hazard lance Gervinho, qui crochète Coupet. Le gardien du PSG embarque tout sur son passage et concède un pénalty. Les supporters n’ont même pas le temps de se remettre du premier but que le LOSC a l’occasion de doubler la mise. Debuchy s’en charge, mais Coupet repousse la tentative du pied. Les Lillois devront attendre avant de savourer… Avant, il va falloir s’accrocher pendant les quatre longues minutes de temps additionnel. Finalement, les trois coups de sifflet retentissent. Barel Mouko y va de son salto, les joueurs s’entrelacent, le coach Garcia et son adjoint Frédéric Bompard s’embrassent. Le LOSC soulève sa sixième Coupe de France, et peut rêver d’un doublé historique.

Le lendemain, joueurs et supporters se réunissent devant la mairie de Lille. Martine Aubry félicite les joueurs, qui brandissent fièrement la Coupe devant le peuple nordiste. Malheureusement, ce même 14 mai est aussi marqué par un événement bien moins réjouissant : l’affaire DSK. Ainsi, la victoire losciste est éclipsée par l’actualité nationale. Mais les supporters lillois, eux, le savent bien : leurs joueurs viennent de marquer l’histoire du club.

L’entretien : Ludovic Obraniak, héros de la finale

Les supporters lillois le savent : cette Coupe de France, ils la doivent en (grande) partie à Ludovic Obraniak. Pressenti partant, puis finalement utilisé en tant que joker de luxe tout au long de la saison, il a su répondre présent au meilleur des moments.

Ludovic, remontons dans le temps : à l’été 2010, trois ans après votre arrivée au LOSC vous êtes donné partant pour Auxerre, alors qualifié pour la Ligue des Champions, mais le transfert finit par échouer. Quel est votre sentiment à ce moment-là ? Ce n’est pas la meilleure des manières d’aborder une saison…

Je suis un peu tiraillé. Je sais que la concurrence va être rude. Auxerre est en pôle position pour me faire signer grâce au coach, Jean Fernandez, que je connais puisqu’il est mon premier entraineur. C’est lui qui m’a formé et qui m’a lancé en pro. En plus, c’est l’année où Auxerre joue en Ligue des Champions, dans ce fameux groupe de la mort avec le Real, l’Ajax et l’AC Milan. C’est sûr, la tentation est forte. Mais finalement, le LOSC m’a convaincu que c’était mieux de rester. Les dirigeants m’ont dit que le club allait faire une grande saison, et même si le coach Rudi Garcia ne pouvait pas me promettre une place de titulaire, le club a freiné le transfert. J’ai réfléchi et j’ai décidé de rester.

Parti pour rester, vous êtes finalement utilisé avec Tulio de Melo, en tant que jokers de luxe, et vous permettez au club d’obtenir de précieux points. Comment viviez-vous ce rôle de doublure ?

C’était dur, très dur. Quand on est joueur, c’est difficile, on a de l’ego, on veut toujours être dans le onze. Peu importe ce qu’on apporte, on a envie de commencer le match. Mais vu le début de championnat, la hiérarchie s’est vite imposée. Les remplaçants n’avaient aucune chance, les titulaires étaient meilleurs, et ils arrivaient à faire la différence. C’était de véritables phénomènes, la hiérarchie s’est faite tout naturellement. Malgré tout on a senti que ça leur arrivait de piocher. On avait qui plus est un jeu tellement différent, et on s’est dit qu’il y avait certainement un rôle à jouer. Les titulaires aimaient jouer les uns contre uns, ils jouaient sur la percussion. Moi je jouais plus sur ma vitesse, puis en cherchant la profondeur ou en m’appuyant sur la taille de Tulio. C’est sûr qu’il y avait une certaine complicité. Forcément quand on est dans la même situation, on tisse des liens. Notre duo était complémentaire, un vrai duo de choc, moi avec mon pied gauche et lui avec sa tête. L’effectif était si bien fourni qu’on pouvait facilement faire deux équipes de grande qualité, avec une équipe bis capable elle-aussi de faire la différence, un peu comme cette année. On a senti qu’on pouvait avoir nous aussi notre part de gloire.

Le LOSC joue bien et commence petit à petit à enchaîner les victoires. A partir de quand vous êtes-vous dit que cette équipe pouvait remporter un trophée ?

Pendant la deuxième partie de saison je pense. Pendant la première partie de saison, on jouait bien mais on ne gagnait pas contre les gros (NDLR: défaites face à Marseille et Lyon, nul face au PSG et Rennes), on ne pouvait pas se projeter. A partir du moment où tu n’es pas capable de gagner contre les gros, il y a un doute. Puis tout s’est bien enquillé en deuxième partie de saison. Si je devais citer un moment, ce serait le match de Saint-Etienne (35e journée). Il y a deux ou trois trucs avant, comme le match à Arles-Avignon, où on a beaucoup soufferts, et à la toute fin du match on réussit à l’emporter. Mais la rencontre de Saint-Etienne reste la plus importante. Le début de match est difficile, on a l’impression de se faire voler. Finalement, on gagne 2-1 sur une frappe contrée des trente mètres de Rio, un but venu d’ailleurs. On s’est dit « si Rio marque un but comme celui-là à Geoffroy-Guichard, alors rien ne peut nous arriver » !

« Gervinho fait une saison dantesque »

Y-avait-il un joueur qui vous impressionnait plus qu’un autre dans cette équipe ?

Eden et Gervais étaient incroyables. Gervinho fait une saison dantesque. En terme de statistiques, c’était incroyable (18 buts, 11 passes décisives toutes compétitions confondues). Tout ce qu’il entreprenait, il le réussissait. Il apportait toujours le danger sur l’équipe adverse. Je le retiens peut-être encore plus qu’Eden, parce qu’il a été constant, toute la saison il a été l’élément détonateur. Dès qu’il touchait la balle, il se passait quelque chose.

Samedi 14 Mai 2011. Le LOSC affronte le PSG en finale de la Coupe de France. Dans un match aussi fermé que stressant, on joue la 89e minute et le LOSC obtient un bon coup-franc côté droit. Vous nous racontez la suite ?

J’avais un état d’esprit très revanchard. J’étais vraiment agacé de ne pas débuter ce match. A la fin de la causerie, Flo’ Balmont, qui était forfait, était venu me rechercher. Je voulais partir. Je me sentais trahi, mais lui m’a ramené, m’a recadré et il a joué ce rôle de grand frère, d’ami proche. Donc j’espérais débuter, mais je commence finalement sur le banc. Je pars m’échauffer à la mi-temps, je suis comme dans un état second, conditionné par quelque chose. Je m’échauffe comme un malade pendant 45 minutes, je veux prouver à Rudi Garcia qu’il a eu tort. Je rentre avec la ferme intention de prouver quelque chose. Dès mon entrée, je tire des coups de pieds arrêtés dangereux. Puis arrive ce coup franc, avec toutes les émotions qui m’ont traversé durant la journée et qui se matérialisent dans cette frappe. Je frappe au deuxième poteau comme j’ai l’habitude de le faire, la trajectoire est atypique, très plongeante. Coupet pense qu’elle sort et puis ça finit au fond. J’aurais pu la retaper mille fois, je n’aurais jamais réussi à refaire cet effet. Je pense que c’est la récompense de mon travail tout au long de la saison. Je suis toujours resté impliqué et professionnel, je n’ai jamais cherché à tirer le groupe vers le bas, j’ai toujours fait passer le collectif d’abord, plutôt que le côté personnel.

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Avec ce magnifique but, vous offrez un trophée au LOSC après plus de 56 ans d’attente. Et une semaine plus tard, ça recommence : vous ouvrez le score face au PSG dans un match capital pour le titre. Qu’est-ce qui se passe dans votre tête à ce moment-là ?

Depuis cette finale de coupe, je ne touche plus terre. Je suis comme sur un nuage, je n’en redescends pas. C’est un moment rare dans le football, rien ne vous touche, peu importe ce qui peut arriver, vous êtes dans un tel état de confiance, vous ressentez une plénitude totale. A Paris une semaine plus tard, je crois que je touche le ballon sur une attaque rapide, sur le côté droit. Coupet sait que j’ai tendance à enrouler, comme je l’ai fait une semaine plus tôt. Puis sur ce coup-là, je ne sais pas… il y a le feeling, je décide de la taper tendue au premier poteau. Elle part fusante, à deux centimètres du sol, le gardien est scotché. J’étais dans un état qui me permettait de réussir tout ce que j’entreprenais. J’étais porté par autre chose, c’était une semaine extraordinaire pour moi : j’allais devenir papa, je marque en finale puis dans ce match important pour le titre. Parfois, le foot, ce n’est pas que de la tactique, de la technique, il y a une part d’instinct aussi.

« Je n’ai jamais vécu ça, un tel esprit de fraternité »

Le LOSC remporte le doublé coupe-championnat. Vous auriez une anecdote sur cette saison historique pour le club ?

La façon dont vivait le groupe, c’était vraiment : on joue ensemble, on meurt ensemble, on gagne ensemble, on perd ensemble, on sort ensemble… On partageait tout. Je n’ai jamais vécu ça, un tel esprit de fraternité. Même lorsqu’il s’agissait de faire des conneries, on les faisait ensemble. Après la finale, le coach ne veut pas de sortie, on a juste la permission pour deux ou trois heures, puisque trois jours plus tard, il y a un match capital pour le titre. Finalement, on a fait la fête jusqu’à sept heures. La responsabilité, on la prenait ensemble. C’était tout le temps comme ça. La semaine qui a suivi, on fait la fête tous les soirs. Je serais étonné d’avoir dormi plus de 15 heures cette semaine-là… On joue avec deux grammes et demi dans le sang (rires), puis finalement on leur en met 3. On a pu désobéir par moments, mais il y avait cette espèce de fraternité, qui faisait que, même lorsqu’on désobéissait, on le faisait ensemble. On aurait pu rentrer à sept heures du matin puis rejouer le soir même. On était insubmersibles, il y avait une réelle affection les uns pour les autres, je dirais même de l’amour. C’est rare dans un groupe.

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Six mois plus tard, votre statut est toujours le même dans l’effectif et vous décidez de partir pour les Girondins de Bordeaux. Vous en avez voulu à Rudi Garcia ?

Oui, il le sait. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, je suis passé à autre chose. Récemment, j’ai eu l’occasion de faire un Instalive avec lui pour la chaîne L’Équipe, et on en rigolait. Je suis parti à cause de lui, je ne sais pas comment ça s’est manigancé, mais il m’a poussé vers la sortie. Lorsque Gervinho part, on me dit que je vais être en concurrence avec Payet, et à ce moment-là je pense que je vais le bouffer et que je vais prendre la place de titulaire. Puis à la dernière journée, le club me met un coup de couteau dans le dos en faisant signer Joe Cole. Evidemment, je l’ai pris personnellement. J’étais rancunier, peut-être un peu caractériel, ou avec du caractère tout du moins. C’était très clair pour moi, je leur ai dit « dans six mois, vous ne me reverrez pas ». Pour autant je n’avais pas l’intention de partir, c’est le club qui m’a poussé vers la sortie. Mon objectif, c’était de rester très très longtemps au LOSC.

Mon dernier match face à Nice me tient à cœur. Je fais ma dernière passe décisive à Flo’ (Balmont), qui ne marque jamais, et il met ce but exceptionnel. Finalement, on n’a pas remporté ce match, ça termine à 4-4. Je savais que c’était mon dernier match, c’était tout un symbole. J’appréciais beaucoup Flo’, je n’aurais pas marqué mon but en finale sans lui. Alors lui donner une passe décisive pour mon dernier match, c’était le meilleur moyen de pouvoir finir cette histoire.

« A Lille, il y avait tout pour moi »

Pour l’un de vos premiers matchs avec les Girondins, vous revenez au Stadium Nord pour affronter le LOSC. La rencontre est folle, se termine sur le score de 5 buts à 4, et vous inscrivez un doublé. Avec un certain goût de revanche, non ?

Il n’y a même pas à se demander, c’était ça, c’était vraiment : « je vais vous montrer que vous vous êtes trompé ». Ce jour-là j’avais une rage, une certaine rancune, j’étais déterminé à faire quelque chose. Mais je voulais montrer à tout le monde que le choix de ne pas m’avoir gardé était une erreur. J’étais tellement touché, encore une fois j’étais dans un état second, je voulais à tout prix réussir quelque chose. Mais très honnêtement, même si j’avais voulu créer un scénario, je n’aurais pas pu imaginer ça, crucifier l’équipe que je viens de quitter avec le but du 5-4, c’est la providence. Tu mérites de sortir de cette manière-là. Les gens ont vécu ça comme moi, ils se sont dit que je ne méritais pas ce qui m’était arrivé, et que le club s’était trompé. D’ailleurs, le lendemain, « La Voix du Nord » titre : « Vous avez le bonjour de Ludo’ ». J’en avais gros sur la patate. Malgré tout, j’étais triste pour Lille puisque ça leur a fait perdre des points pour la Champion’s League. J’étais très attaché aux gens, à la ville, je ne voulais pas partir. A Lille, il y avait tout pour moi. Je n’ai jamais triché, je me donnais toujours, j’ai passé beaucoup de temps avec les gens, qui étaient adorables à mon arrivée. Je sais que c’est un cliché, mais les gens du Nord m’ont vraiment très bien accueilli, je me suis amouraché pour la région. J’étais aussi proche de Metz, parce que je venais de là, mais Lille a été un véritable coup de cœur. En plus, il y avait un rapport très simple à l’époque, pas de huis-clos, beaucoup de communications avec les supporters. On était proches, il y avait une certaine proximité, et ils me l’ont toujours bien rendu. J’ai toujours mouillé le maillot.

Après des expériences à l’étranger, vous avez décidé en 2018 de mettre un terme à votre carrière. Comment se passe votre reconversion ?

Ça se passe bien, très bien même. Je n’ai pas cet effet de nostalgie en passant de l’autre côté des terrains. Je n’ai pas eu de regrets, ni de frustration, et je n’ai pas fait de dépression. Je comprends que certains puissent souffrir de la fracture, du changement d’hygiène de vie… Tout d’un coup tu te lèves et n’as plus rien à faire, je peux comprendre que ce soit terrible à vivre. Personnellement, j’ai eu beaucoup de chances, je suis très épanoui dans ma vie de consultant, à la chaîne L’Équipe. Je me sens à ma place, je suis en train de me construire mes projets. Je compte devenir directeur sportif, et je suis d’ailleurs en train de passer mon diplôme.

Pourquoi pas à Lille ?

Ce n’est pas encore gagné, il faut faire ses preuves. On ne peut pas arriver à Lille comme ça. Le LOSC, c’est le haut niveau, il faut au moins que je passe par une étape intermédiaire. Je ne veux pas revenir avec comme prétexte « j’ai joué au club ». Le rôle de joueur, d’entraîneur ou de manager, c’est différent. Pour l’instant, je fais mon chemin.

A l’heure actuelle, comment voyez-vous le projet lillois ?

Je ne sais pas dans quel état Gérard Lopez a laissé le club. Létang arrive un peu en pompier de service, c’est quelqu’un de très compétent. Malgré tout, il va falloir équilibrer la balance, tout en gardant une équipe compétitive. Il y a probablement des trous dans la caisse, il faut se mettre dans la tête qu’il va falloir vendre des joueurs pour équilibrer. Néanmoins, j’ai confiance en Olivier Létang pour continuer à faire de Lille une équipe attrayante, dans laquelle on peut se reconnaître, avec peut-être moins de budget.

« Je vais être honnête : je pense qu’ils peuvent aller jusqu’au titre »

Il y a beaucoup de similitudes entre le LOSC d’il y a dix ans et celui d’aujourd’hui. Vous voyez cette équipe aller loin ?

Je vais être honnête : je pense qu’ils peuvent aller jusqu’au titre. Je l’ai pronostiqué plus tôt dans la saison, on sent qu’il se passe quelque chose. En plus, le PSG n’est pas dans une forme olympique. Il y a une certaine qualité des joueurs, mais on sent aussi une osmose, je le vois dans les comportements. Ce sont de bons mecs, j’ai l’impression de revivre ce que j’ai vécu, un groupe comme ça, c’est une grande force, ça peut vous emmener très loin. Galtier est très exigeant, contrairement à il y a dix ans la hiérarchie est un peu moins claire, il y a pas mal de turn-over. Une équipe commence, l’autre finit, Galtier peut changer les binômes. Après avoir perdu en semaine, il peut changer deux ou trois joueurs pour aller gagner le week-end d’après. L’équipe possède une telle assise défensive, ce n’est pas qu’individuel, elle a tout pour elle. Je les vois bien se battre pour le titre. Il y a des signes, ça fera dix ans, ce serait remarquable. Peut-être qu’il y a dix ans il y avait plus de maîtrise, le style de jeu était différent, on était plus axé sur la possession alors que désormais Lille raffole des attaques rapides. On dominait, on était capable de mettre 3-0 ou 4-0 à tout le monde, mais il n’empêche que cette année, Lille maîtrise ses fondamentaux, ils sont dans une forme constante. Avec une telle assise défensive ils peuvent se permettre de jouer bas pour mieux jouer en contre. Le football a changé. Ils peuvent être dévastateurs.

Joseph da Rocha Carneiro

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