Quel est le poste idéal pour Yusuf Yazici ?

Arrivé des bords de la Mer Noire après un début de carrière réussi chez lui, à Trabzonspor, le désormais numéro 11 de l’effectif lillois entame sa troisième saison chez le récent champion de France. Si son talent n’est plus à prouver, sa régularité laisse encore à désirer. Alors est-ce un problème de niveau ou simplement d’utilisation ? Décryptage. 

Petit retour en arrière pour comprendre le phénomène Yazici. Petit prodige aux cheveux longs, Yusuf n’a pas tardé à faire tourner la tête des fans des Bordo-Mavi. À seulement 18 ans, en 2015-2016, ses premières apparitions avec le maillot de sa ville natale se font remarquer. Sa qualité technique, de passe, sa vista et son élégance balle au pied plaisent à l’Europe entière. Après trois saisons assez réussies, le moment de l’envol est arrivé et malgré des négociations atrocement compliquées, Yazici rejoint les bords de la Deûle et s’engage pour cinq ans au LOSC. Malgré tout son talent, il n’est pas encore pleinement parvenu aujourd’hui à déployer totalement ses ailes chez les Dogues, malgré quelques prestations intéressantes, voire de classe mondiale.

Le système de Galtier, frein pour la progression de Yazici ?

Yusuf Yazici et Christophe Galtier contre Brest l’an passé au stade Pierre-Mauroy – Crédit photo : Imago

Utilisé en soutien de l’attaquant comme numéro 10 lors de ses débuts dans son club de coeur, le joueur a connu une première impasse rapidement à Lille. Christophe Galtier. En effet, même si l’actuel coach de l’OGC Nice avait validé le recrutement du jeune turc proposé par Luis Campos, sa place allait être différente dans son système. Dans son 4-4-2 devenu sa marque de fabrique, le technicien de 54 ans avait d’abord choisi de placer Yusuf Yazici sur le côté droit. Un poste différent de celui qu’il avait connu avec également un nouveau championnat à adopter, une nouvelle compétition à aborder et des coéquipiers à apprivoiser. A droite, durant sa première saison, il n’a pas franchement fait lever les foules. Quelques éclairs de génie prouvant son talent, comme cette frappe sur la barre face à Chelsea (1-2) en Ligue des Champions, mais une première partie de saison compliquée ponctuée par une blessure aux ligaments croisés, au stade Louis II, qui mettra fin à sa saison.

Sa deuxième saison commence avec une bonne nouvelle. L’ancien numéro 12 du LOSC allait être entouré de son compatriote et coéquipier à Trabzonspor, Burak Yilmaz. Christophe Galtier profite alors de l’arrivée du Kral pour tenter d’aligner Yazici et Yilmaz, mais surtout définitivement Yusuf Yazici dans le duo d’attaque. Rapidement, le jeune international turc va se montrer plus à l’aise. 42 matchs, 14 buts et 5 passes décisives, mais il devenait surtout meilleur buteur de Ligue Europa avec 7 buts (à égalité avec Mayoral (Rome), Moreno (Villarreal) et Pizzi (Benfica)). Néanmoins, malgré cela, sa deuxième partie de saison et son positionnement posaient encore question. Souvent aligné avec Yilmaz ou David, Yazici perdait de son influence, car les deux joueurs étaient plus enclins à décrocher ou à participer au jeu, laissant Yazici comme point de fixation, chose pas adaptée à son talent. Consigne de Galtier ou simple poste pas encore adapté ? Une chose est sûre, en deux ans, Yazici n’a pas montré le meilleur de lui-même sous le maillot du LOSC.

Une révélation sous les ordres de Jocelyn Gourvennec ?

Après un titre de champion et un Euro 2020 complètement raté, Yazici voit peut-être son aventure lilloise prendre un tournant radical. En effet, en début juillet dernier, Jocelyn Gourvennec a pris la succession de Galtier avec des envies nouvelles pour le joueur. Forcé d’innover au milieu après le départ de Soumaré et le retour tardif de Renato Sanches, le technicien breton a voulu tester Yazici en numéro 8 dans le double-pivot.

Si son entrée contre Courtrai (1-1) en préparation ne peut pas réellement considérer comme une entrée à ce poste-là, son implication et sa motivation dans cette rencontre ont montré que Yusuf Yazici avait envie de prouver sa réelle valeur et son nouveau poste pourrait lui apporter un nouveau souffle et une nouvelle motivation. Cette dernière pourrait être possiblement puisée dans les propos de celui qui l’a ramené chez les Dogues, Luis Campos, qui le voit au très haut niveau cette année : « Malheureusement, Yusuf a eu une grosse blessure lors de sa première année et il a manqué sept mois, ce qui l’a mis en retard. Après, il a très bien commencé avec Lille et en janvier, il a commencé à baisser de niveau. C’est un joueur très irrégulier en ce moment au niveau de l’intensité physique, à cause de sa blessure je pense. L’année prochaine, si tout se passe bien, il va être très performant. Yusuf est tellement bon techniquement que parfois, on a une tendance à le faire changer de poste. »

Jocelyn Gourvennec et Yusuf Yazici complices après le premier but de Yazici cette saison contre Montpellier (2-1) – Crédit photo : Imago

La suite de la préparation, lors des rencontres au Portugal, a permis de voir un peu plus clairement les intentions de Gourvennec avec Yazici. Un placement en numéro 8 dans le double-pivot assumé contre Porto et Benfica. Une place qu’il a continué à garder lors des deux premiers matchs de la saison avec plus ou moins de réussite. « Yusuf (Yazici) a fait toute la préparation à ce poste-là, au cœur du jeu. Il a réalisé un très bon match contre le Benfica, il a cette qualité de passe dans la récupération et cette grinta » évoquait Jocelyn Gourvennec  après la première titularisation du Turc dans l’entre-jeu en Ligue 1, à Metz. Si son rendement offensif a notamment été remarqué à ce poste-là, ses lacunes défensives ont coûté cher aux Lillois repartis avec le match nul (3-3). Contre Nice, le week-end suivant, l’essai a définitivement été stoppé par Gourvennec qui ne l’a toujours pas fait rejouer dans cette position lors des deux journées suivantes.

Son meilleur match avec le LOSC dans ce début de saison reste à un poste déjà connu : celui d’ailier droit. Mais cette fois-ci, les tâches défensives demandées à l’époque par Christophe Galtier sont moins nombreuses et même excentré, sa liberté offensive peut s’exprimer et le joueur semble être en très bonne forme.

Yazici, un joueur clé pour Gourvennec

Cette année, Yazici est le type de joueur, en compagnie d’Angel Gomes, permettant à Jocelyn Gourvennec de pouvoir travailler sur plusieurs systèmes. Voyons, selon Le Petit Lillois, les trois postes qui pourraient permettre à Yazici de devenir le joueur attendu à son arrivée. De plus, son profil atypique pourrait apporter des armes supplémentaires à un coach qui l’apprécie particulièrement.

• Ailier droit 

Dans une animation 4-4-2 proposée par Jocelyn Gourvennec depuis son arrivée au LOSC, la place d’ailier droit semble être celle à prendre après le départ de Luiz Araujo et le désintéressement progressif de Jonathan Ikoné. Si le joueur n’a pas montré de belles choses lors de ses premières sorties avec le LOSC à ce poste il y a deux ans, le nouveau souffle est peut-être arrivé. Gaucher soyeux, il a régalé dans ses dribbles contre Montpellier mettant à mal Nicolas Cozza et ses copains de la défense montpelliéraine. Dans cette position, le nouveau numéro 11 lillois a essayé et s’est montré dans ses meilleures dispositions comme lors des premières rencontres estivales. Il a même été récompensé d’un but juste avant la mi-temps, de quoi lui apporter de la confiance pour la suite de la saison.

• Numéro dix 

C’est sa position préférée. Celle qu’il affectionne, celle où il a déjà brillé en faisant lever tout le Medical Park Stadyumu avec son numéro 97 derrière le dos. Positionné derrière l’attaquant et libéré des tâches défensives, il retrouverait son confort perpétuel en ne pensant qu’à son talent balle au pied qui on l’espère fera lever le stade Pierre-Mauroy lui aussi. Cette position paraît peu probable tant Jocelyn Gourvennec serait moins enclin à basculer son 4-4-2 pour un 4-2-3-1 mais tout reste possible.

• Milieu de terrain, dans un schéma à 3 

Imaginer Yazici milieu de terrain est toujours possible. Si son profil n’est pas compatible dans un double pivot, un schéma dans un 4-3-3 pourrait faire la différence. En effet, avec un joueur de plus dans cette position, Yazici pourrait reculer la transition entre la défense et l’attaque, tout en s’enlevant la pression défensive moins forte qu’à deux. Un système qui permettrait de donner encore plus de solutions à Jocelyn Gourvennec pour faire basculer une rencontre et pour mettre du doute dans la tête des adversaires.

Il ne reste plus qu’à espérer voir le jeune prince de Trabzon faire rêver toute une métropole en reprenant le modèle de son grand frère Burak Yilmaz. Mais reste à savoir où. Et vous, à quel poste voudriez-vous voir Yusuf Yazici évoluer au sein du LOSC ?