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Quand le LOSC participait à la Coupe de l’amitié Franco-Britannique

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Crédit photo : Imago

Alors que le Brexit va impacter le marché des transferts en ce mois de janvier, Le Petit Lillois vous propose un retour soixante ans en arrière… quand le LOSC participait à la Coupe de l’amitié Franco-Britannique 1960.

Contexte

L’équipe du LOSC, issue de la fusion entre l’OL et le SC Fives en 1944, a surtout connu la gloire, lors de la première décennie de son histoire. En dix saisons, Lille se positionne sept fois sur le podium de D1 et atteint sept finales de coupe de France… pour s’adjuger deux championnats et cinq coupes.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et le club finit par descendre en deuxième division en 1956. Si les Dogues réussissent à remonter dès la saison suivante, ils sont de nouveau relégués au printemps 1959… conduisant l’emblématique président, Louis Henno, à démissionner.

Nous n’en sommes qu’aux balbutiement des matchs interclubs sur la scène européenne. Le LOSC n’a malheureusement pas pu profiter de son riche palmarès pour inaugurer les compétions UEFA, puisque la Coupe des clubs Champions (future Champions League) n’est créé qu’en 1955. La Coupe Latine, ou la Coupe des Villes de Foires, en sont elles-aussi à leurs premières éditions, et ne sont pas officiellement sous l’égide de l’UEFA.

A l’été 1960, la Fédération Française de Football imagine une nouvelle compétition amicale. La seconde guerre mondiale est encore fraiche dans les mémoires, puisque l’on commémore les vingt ans de l’appel du 18 juin 1940. La FFF propose alors une alambiquée Coupe de l’amitié Franco-Britannique (ou Anglo-Franco-Scottish Friendship Cup)

En dehors de sa situation sportive, Lille est également en difficulté au niveau financier. Une dette de 50 millions de francs est évoquée (dans un ouvrage de Jacques Verhaeghe). La recherche de recettes pousse donc la direction à accepter l’invitation de la fédération, puisqu’à l’époque un match amical peut rapporter jusqu’à 15MF. Notons également qu’entre 1959 et 1963, une coupe de l’Amitié Franco-Italienne (ou Coppa dell’Amicizia Italo-Francese) existait sur le même modèle.

 

Coupe de l’amitié Franco-Britannique, késako ?

Friendship Cup pour les uns, Coupe de l’amitié pour les autres… cette compétition amicale réunissait des clubs français et britanniques entre 1960 et 1962. Au départ, la FFF souhaitait voir s’opposer huit clubs de l’hexagone et huit clubs insulaires (4 écossais et 4 anglais ou gallois), qui concouraient chacun pour leur nation. Mais déjà à l’époque, réunir l’Angleterre et l’Écosse sous la même bannière britannique n’était pas chose facile, et la FFF dû faire face au refus de la ligue écossaise. La compétition se joua donc en deux tableaux distincts. Chaque club invité ne jouant que deux rencontres face à un adversaire de niveau équivalent (les D1 entres elles, les D2 entres elles).

Une première rencontre avait lieu l’été (durant la pré-saison), puis une autre en cours de saison, lors d’une trêve internationale par exemple. Un classement honorifique était ensuite basé sur les points cumulés par nation, plutôt que sur les résultats individuels de chaque club. Ainsi, aucun club, ne peut compter cette compétition à son palmarès.

 

Une double confrontation Lille VS Middlesbrough

A priori, la FFF eu du succès puisqu’une vingtaine d’équipes anglaises postulèrent pour participer à la première Coupe de l’Amitié, obligeant leur ligue à opter pour les postulants les mieux classées (deux sélectionnés en D1 et deux en D2). On ignore combien de clubs se manifestèrent en France, mais les lillois prirent part à la première édition de cette Coupe de l’Amitié (en 1960). Pourtant onzièmes de D2 en mai 1960, Lille représenta la France, aux côtés du Racing Club Paris (3ème de D1), du Havre AC (7ème de D1) et du FC Nantes (8ème de D2).

L’écart séparant les équipes tricolores à leurs homologues anglais fut criant. Newcastle, Liverpool, Bolton et Middlesbrough ne perdirent d’ailleurs aucune des 8 rencontres disputées (7 victoires anglaises, 1 nul pour le Havre, 23 buts anglais contre 7 buts français).

Dans cette démonstration de force anglaise, Lille ne dérogea pas à la règle… avec un 6-2 en score cumulé.

Bien que récent cinquième de la Second Division of Football League, les anglais comptent quelques internationaux dans leurs rangs et font figure de favoris face aux jeunes lillois. Le gardien Jean Van Gool, tout juste trentenaire est d’ailleurs le doyen du collectif losciste. Le match aller se dispute le 14 août 1960, au stade Henri Jooris. Cette rencontre fut la plus serrée des deux. Les Dogues, alors dirigés par l’ancien défenseur de l’Olympique Lillois, Jules Vandooren, résistèrent pour terminer la rencontre sur une honorable défaite 1-2 face à Boro’.

Le match retour eu lieu deux mois plus tard (le 12 octobre 1960). Les lillois se déplaçant dans le Nord de l’Angleterre, au Ayresome Park de Middlesbrough, pour y concéder une défaite plus sévère par 4 buts à 1. Notons toutefois que Lille fut rapidement réduit à dix, en seconde mi-temps, en l’absence de remplaçant pouvant suppléer la blessure de Jean Tison.

La composition anglaise nous a été transmise par Shaun Wilson (historien du club de Boro) :

  • Gardien : Bob Appleby,
  • Défenseurs : Ray Bilcliff, Mick McNeil, Ken Thomson, Geoff Walker
  • Demis : Bill Harris, Ronnie Waldock, Ray Henderson
  • Attaquants :  Brian Clough, Alan Peacock, Ronnie Burbeck.

La composition lilloise nous a été transmise par Arnaud Mahieu (collectionneur d’archives sur le LOSC) :

  • Gardien : Jean Van Gool
  • Défenseurs : Enzo Zamparini, Jacques Debelleix, Kléber Lejeune
  • Demis : Max Samper, Jean Tison, Bernard Chiarelli, Roger Tivoli
  • Attaquants : René Fatoux, René Charrière
    et un joueur à l’essai du nom de Branger

C’est le joueur à l’essai qui marque le seul but lillois du match. Mais Branger ne sera pas conservé, et ne joua aucun match officiel avec Lille.

En dehors de cet éphémère attaquant, le onze proposé par Vandooren est proche de l’équipe type lilloise de 1960-1961. Plusieurs recrues estivales (Tison, Tivoli ou Samper) sont présentes. Seuls le défenseur Guy Nungesser ou les attaquants Joseph Hartmann et Stéphane Walczak sont les titulaires qui manquent à l’appel.

Bien qu’amicale, la compétition était donc respectée. Ce fut également le cas coté anglais, puisque Brian Clough, venait de boucler deux saisons comme meilleur buteur du championnat de D2. Auteur de deux buts face aux Dogues, l’attaquant deviendra dans les années 70′ une véritable star nationale (voir paragraphe suivant)

 

Des amicaux pour tester le système d’éclairage ?

Le match retour se déroulant en nocturne, il fallait que le terrain soit équipé d’un système d’éclairage… A l’époque ça n’était pas encore le cas partout. L’installation de Middlesbrough avait été mise en service en 1957, et testée lors d’une série de matchs amicaux. A Lille, le stade Henri Jooris ne fut équipé pour les matchs en soirée qu’à partir de 1962. L’inauguration des éclairages lillois, eut lui aussi lieu en amical, face aux brésiliens du FC Porto Alegre.

 

Deux stades disparus 

Le vétuste stade Henri Jooris a été détruit en 1975, pour permettre la mise au grand gabarit de la voie fluviale de la Deûle. Les Dogues ont ensuite déménagé vers Grimonprez-Jooris… puis au Stade Pierre-Mauroy après quelques péripéties.

Le stade anglais du Ayresome Park (24.000 places), a lui été démoli en 1997. En effet, depuis 1995, les joueurs du MFC évoluent au Riverside Stadium (35.100 places). C’est donc dans un stade flambant neuf qu’évolua Mikkel Beck, avec le club anglais (85 matchs, 31 buts entre 1996 et 1999 pour l’ancien dogue)

 

Clough, officier de l’Ordre de l’Empire britannique

Les fans de football britannique connaissaient forcément Brian Clough. Double buteur lors du match retour face à Lille, l’anglais est surtout connu pour sa carrière d’entraineur outre-manche. En effet, alors qu’il inscrit la bagatelle de 250 buts en 270 matchs avec Middlesbrough (1955-61), puis Sunderland (1961-64), et obtient quelques sélections en équipe d’Angleterre ; sa carrière de joueur est stoppée net lors d’une grave blessure durant le boxing-day 1962.

Il devient donc rapidement entraineur, et laissera une trace indélébile au sein de la profession. En effet, dans les années 70’, la mode anglaise est plutôt au style de jeu direct (dit kick & rush), basé sur des contre-attaques rapides, ainsi qu’un jeu long favorisant les duels aériens… Clough préférait voir ses équipes jouer au ballon, en posant le jeu. « Si Dieu avait voulu qu’on joue dans les nuages, il aurait mis de la pelouse là-haut. » 

Brian Clough remporte le titre de championnat d’Angleterre avec Derby County en 1972, qu’il venait de faire monter en D1. Il porte ensuite le modeste club de Nottingham Forest sur le toit de l’Europe, remportant la Coupe des Clubs Champions en 1979, puis en 1980. Pour mesurer l’exploit, il faut savoir que Forest est le seul club à avoir remporté plus de fois la C1 que son propre championnat national (il était qualifié en 1979/80 en tant que tenant du titre). C’est également le seul vainqueur de Champions League à être descendu jusqu’en troisième division nationale par la suite.

Outre l’excellent film The Damned United, qui retrace son passage éclair à Leeds, des statues à la gloire de Brian Clough ont été érigées à Nottingham, Derby et Middlesbrough. Il a également reçu la distinction d’officier de l’Ordre de l’Empire britannique.

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