Publié le 9 décembre 2025 à 16:35

Crédit Photo : Le Petit Lillois / Quentin Delcourt
Bruno Genesio s’est, lors d’une récente conférence de presse, longuement épanché sur son style de management au LOSC. Il dévoile ainsi certains de ses secrets.
Avec 28 joueurs alignés depuis le début de la saison en Ligue 1, soit le deuxième plus haut total derrière la trentaine d’individualités utilisées par Roberto De Zerbi à Marseille, Bruno Genesio fait partie des entraîneurs qui affectionnent l’idée de réaliser un turnover continu au sein de leur effectif. D’un match à l’autre, encore plus lorsque l’Europe s’en mêle, ses équipes sont modifiées. Ce n’est parfois qu’un soupçon, quand de véritables bouleversements peuvent aussi être constatés
Vendredi dernier par exemple, lors de la victoire empochée par le LOSC sur l’Olympique de Marseille (1-0), un certain Ethan Mbappé pointait le bout de son nez pour la première fois de la saison dès le coup d’envoi. Comment Bruno Genesio s’y prend-il pour mettre en place cette gestion d’équipe ? Comment fait-il pour que ses hommes répondent présents dans ses conditions ? Il a récemment révélé quelques-uns de ses secrets, s’épanchant longuement sur son management.
Des joueurs concernés
Comment faites-vous pour maintenir tous vos joueurs concernés, vous qui êtes habitués à faire beaucoup de changements match après match ?
Je ne sais pas si on peut parler de méthode, peut-être plus de management. J’essaie de me comporter avec tout le monde de la même manière. Ceux qui jouent, ceux qui jouent moins, ceux qui jouent encore moins, ceux qui sont blessés… J’essaie d’avoir le même comportement, les mêmes attitudes, de consacrer le même temps de parole pour échanger avec tous les joueurs du groupe. Et on insiste aussi beaucoup avec mon staff sur l’état d’esprit collectif, sur la notion d’équipe, la notion de groupe.
Mais après, ce sont les joueurs qui doivent nous donner envie de les faire jouer. Mais il y a aussi le fait que ce groupe est réceptif à ce message. Parce que parfois vous pouvez avoir un message et il est mal réceptionné ou pas réceptionné par votre groupe. Nous, on a la chance au LOSC d’avoir un groupe, tout n’est pas toujours rose et il peut y avoir parfois des tensions, mais en tout cas, c’est toujours l’aspect collectif qui reprend le dessus, même quand il peut y avoir des petits états d’âme individuels.
Voilà ce qu’on essaie de mettre en place pour que tout le monde soit concerné. Et après, l’autre explication, c’est aussi qu’on a quand même beaucoup de joueurs à certains postes qui ont des qualités différentes, mais qui ont un niveau de jeu qui est quasi identique. Ce qui fait que, quel que soit le joueur qui débute le match ou qui rentre en cours de match, on reste compétitif.
Le cas Hamza Igamane
Sur ce sujet des rotations, comment est-ce que vous vous interrogez avec Hamza Igamane et Olivier Giroud ?
J’échange régulièrement avec Hamza (Igamane). Ce n’est pas forcément des entretiens qui durent 2 heures dans mon bureau, très formels, mais sur le terrain, ce sont des conseils, des encouragements. C’est parfois aussi dire ce que les joueurs peuvent améliorer sur certains points.
Et puis, pour poser la question, est-ce qu’Hamza aurait les mêmes statistiques s’il avait joué plus souvent en tant que titulaire ? C’est toujours un petit peu la question… Parce que le fait de rentrer face à des joueurs un peu plus fatigués, et comme on est une équipe qui fatigue beaucoup l’adversaire, je pense que c’est aussi facilitant pour ceux qui rentrent.
Mais honnêtement, pour Hamza comme les autres, mes choix sont toujours guidés par l’intérêt collectif et pour l’équipe. Je le considère d’ailleurs, au même titre qu’Olivier (Giroud), comme un joueur titulaire. Je n’aime pas le terme de remplaçants. Cela participe à une attente, à une quête d’objectifs qui sont fixés en début de saison, mais ce n’est pas bon et on a besoin de tout le monde. C’est ma philosophie d’une équipe de football, d’un sport collectif et d’un groupe.
Le cadre pour la jeunesse
Est-ce que c’est un petit peu plus simple de gérer des jeunes joueurs ?
Oui et non, parce que les jeunes, les nouvelles générations, ont des codes différents de ce qu’on a pu vivre, nous, lorsqu’on était jeunes. Pour moi, ça commence à être un peu loin déjà (sourire).
Donc, si vous ne vous adaptez pas à certains de ces codes, vous ne pouvez pas rentrer en lien avec eux. Si je me comporte comme on s’est comporté avec moi quand j’avais 15 ans, 20 ans ou 18 ans, je vais dans le mur. […] Il y a toujours l’entraîneur foot, mais pour moi, on a aussi un autre rôle. On doit aussi les éduquer, leur apprendre à devenir des hommes. Pour moi, les deux sont liés. On ne peut pas être un bon footballeur et ne pas avoir certaines valeurs. Donc, c’est important.
C’est important aussi de tenir compte de notre époque et de s’adapter aussi à cette jeune génération qui est différente de celle d’il y a 10 ans, de celle d’il y a 20 ans et encore plus de celle que j’ai connue.
Si je reste dans les années 80 lorsque j’avais 14 ans ou les années 85 ou 90 lorsque j’avais 25 ans, il n’y a aucune possibilité de rentrer en contact avec eux. Finalement, c’est simplement s’adapter, faire preuve d’intelligence. Ce qu’il faut, c’est les responsabiliser, les recadrer quand c’est nécessaire, parce que parfois c’est nécessaire, de les encourager lorsqu’ils font des choses bien, de parfois aussi les réconforter lorsqu’on sent qu’ils sont dans une période un peu difficile. C’est notre rôle. On vit ensemble. On passe nos journées ensemble. C’est donc primordial.
C’est valable pour les plus jeunes, mais c’est aussi valable avec les joueurs plus expérimentés : avec Benji, avec Nabil, avec Aïssa, avec Olivier, avec Thomas. C’est la même chose, même s’ils ont forcément une vue qui est différente des plus jeunes. On s’adapte.
Quand vous dites que vous vous adaptez, est-ce que vous avez un ou deux exemples concrets ?
Le management directif, comme on a pu le connaître à l’époque, avec des remarques très dures qui ne nous choquaient pas. Je pense qu’aujourd’hui, on se doit de le dire quand ça ne va pas. Mais je pense qu’il y a des manières d’approcher les joueurs qui sont différentes.
Par rapport à ça, avez-vous des formations accélérées en réseaux sociaux et en langage de nouvelle génération ?
Alors, réseaux sociaux, la formation que j’ai faite, c’est que je n’en ai aucun. Comme ça, je suis tranquille. Je ne suis pas pollué par tout ça. Mais je pense que ça, sensibiliser, c’est un travail du club.
Je pense qu’aujourd’hui, ce sont des thèmes essentiels qu’ils doivent apprendre à gérer : le media training, la communication. Dès la formation, on devrait déjà, très tôt, leur donner quelques éléments, quelques outils pour se préparer à ça. Cela permettrait d’éviter d’avoir des joueurs qui peuvent tomber parfois en dépression à cause de certaines critiques qu’il y a sur les réseaux ou éviter de mal communiquer et se mettre en difficulté.
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