Claude Puel (ex-LOSC) : « Eden Hazard représente le passé, le présent et aussi le futur du LOSC »

En marge de l’inauguration du « Terrain Eden Hazard » au Domaine de Luchin et de la rencontre opposant le LOSC au Stade Rennais, Claude Puel s’est longuement exprimé sur la jeune pousse belge qu’il avait lancée à l’âge de 16 ans.

Le 24 novembre 2007, soit il y a plus d’une quinzaine d’années déjà, Eden Hazard (33 ans) faisait ses grands débuts en Ligue 1, et plus précisément à Nancy lors d’un revers (2-0). Alors entraîneur du LOSC, poste qu’il occupait de 2002 à 2008, Claude Puel l’a lancé dans le grand bain. C’est ainsi qu’il faisait son retour au Domaine de Luchin dimanche, lors de l’inauguration du terrain dont « Eden Hazard » est désormais le nom. Une manière de boucler la boucle pour le technicien qui, en marge de cette cérémonie, a accordé quelques mots à la presse, évoquant ainsi en long et en large son ancien protégé.

Qu’est-ce que cela vous fait de revenir ici, d’autant plus pour un joueur qui était exceptionnel ?

Cela fait très plaisir d’être là parce que je n’étais pas revenu depuis mon départ. Il y a eu quelques évolutions, mais logiques pour un club qui continue de grandir dans une époque où il faut toujours plus de staffs. Cela se modernise mais le site a gardé sa structure et tout ce qui faisait son charme. C’est super de revenir. Ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est de revoir des têtes que j’avais connues par le passé. Le club a pu garder des gens qui sont là depuis le début de cette aventure et je les retrouve avec plaisir. C’est très rare dans le football moderne de pouvoir retrouver autant de monde. C’est beau pour que l’histoire puisse perdurer.

« Eden symbolise la formation du LOSC, alors que c’est un joueur que l’on ne forme pas »

Eden, vous l’avez connu très jeune…

Eden, je l’ai connu à 14 ans. C’est une catégorie que j’allais voir parce qu’il y avait mon fils aussi et ils jouaient tous les deux devant d’ailleurs. Ensuite, je l’ai pris aux entraînements avec les professionnels à partir de 16 ans, quand il commençait à franchir les paliers. Il n’était pas très assidu, c’est vrai, mais je me souviendrais toujours d’un match amical contre Bruges pendant la trêve internationale. Il avait été extraordinaire avec des actions de classe (il avait dribblé cinq à six joueurs à lui seul, fait des passes décisives alors qu’il avait les opportunités de frapper au but, ndlr). C’est là qu’il s’est vraiment démarqué. Je l’ai ensuite fait débuter avec les professionnels.

Que représente un joueur comme Eden Hazard au sein d’un centre de formation ?

J’ai envie de dire qu’Eden symbolise la formation du LOSC, alors que c’est pourtant un joueur que l’on ne forme pas. Il fallait faire attention, pour ceux qui devaient le former, à ne surtout pas le déformer. C’est-à-dire que tout ce qu’il avait été inné. C’était un talent pur avec beaucoup de maturité. Les entraînements n’étaient pas trop son truc, mais c’était un vrai compétiteur. Il l’a montré à Chelsea, au LOSC et ailleurs. Eden était un diamant brut qu’il fallait juste accompagner et ne surtout pas déformer en voulant lui inculquer des choses qui l’auraient dénaturé.

Sa carrière ?

Son parcours est magnifique. C’est sa façon de vivre, mais il n’a jamais ressenti la pression et je trouve que c’est quelque chose d’extraordinaire. Avant tout, c’était un plaisir pour lui d’être sur le terrain et c’est pour ça que s’entraîner, c’était compliqué. Ce qu’il voulait avant tout, c’est être en match, devant un public, et donner du plaisir. C’est cette notion et cette envie de donner du plaisir qui est extraordinaire. Sa carrière est fabuleuse. Être devenu meilleur joueur de Premier League, j’étais en Angleterre à ce moment-là, et c’est une consécration magnifique parce qu’il faut avoir une régularité à un tel niveau. C’est quelque chose d’énorme.

« Sa priorité était de donner du plaisir aux gens »

Il faut aussi dire un petit mot sur son entourage et sa famille, qui a toujours été présente. Il a eu une bonne éducation. Il a toujours été bien encadré. C’est une famille nombreuse qui était très importante pour lui et lui a permis d’avoir de la stabilité tout au long de sa carrière.

Le fait que vous soyez là, est-ce parce que vous avez gardé des rapports depuis votre collaboration ?

Oui et non, pas vraiment. Je ne suis pas quelqu’un qui garde des rapports ou qui envoie les premiers messages. J’aime beaucoup croiser les anciens joueurs que j’ai pu avoir ou que j’ai fait débuter. C’est toujours sympa de les suivre à distance et de les voir évoluer. Quand on est éducateur, on est là pour donner alors quand ils nous donnent et que l’on reçoit, c’est encore plus beau..

Qu’est-ce qui fait pour vous l’amour des supporters lillois pour Eden Hazard ?

Je pense qu’il donnait beaucoup de plaisir aux gens. Il jouait au football avant tout et il s’amusait. C’était du très haut niveau, un véritable compétiteur, mais il le faisait toujours parce qu’il se régalait. Il prenait du plaisir, tout en étant efficace derrière. Sa priorité était de donner du plaisir aux gens et c’est pour cela qu’il est autant apprécié.

« Il représente le passé, le présent et aussi le futur du LOSC »

Pour vous, que représente Eden Hazard dans l’histoire du LOSC ? 

Il représente peut-être le joueur le plus talentueux passé par le LOSC. C’est celui qui a eu la plus grande carrière en débutant au centre de formation, franchissant toutes les étapes jusqu’à embraser une carrière internationale et devenir emblématique à Chelsea. C’est une fabuleuse carrière.

Mérite-t-il cette consécration ?

Il mérite ces honneurs. Tout le monde le connaît ici, et c’est bien de donner ce nom à ce terrain où il a fait des différences à ses débuts. Sa période lilloise a été magnifique et c’est bien de voir qu’il représente le passé, le présent et aussi le futur du LOSC avec ce terrain. Cela permet de voir ce qu’a été le LOSC.