LOSC
Portrait : Qui es-tu Jocelyn Gourvennec ?

Tout juste nommé entraîneur du LOSC, Jocelyn Gourvennec, ancien entraîneur de Guingamp et Bordeaux, n’est pas un inconnu en Ligue 1. Portrait d’un coach prometteur.
La carrière de joueur
Jocelyn Gourvennec, né à Brest le 22 mars 1972, commence son métier de footballeur au FC Lorient. Arrivé à 5 ans au club, Gourvennec effectue des débuts encourageants en Bretagne, qui attirent l’œil du voisin rennais. Promis à une belle carrière, le Brestois n’en garde pas moins les pieds sur terre : sa venue à Rennes, conclue en juillet 1991, est conditionnée avec la possibilité que lui fournit le club de poursuivre ses études de STAPS, à l’Université de Rennes-2. La poursuite de ses études supérieures lui vaudra, plus tard, une réputation « d’intello du foot ».
Jocelyn Gourvennec poursuit sa progression du côté du Stade de la Route de Lorient. Il évolue alors dans un poste d’organisateur du jeu, au milieu de terrain. Il est nommé meilleur joueur de Ligue 2 lors de la saison 1993-1994, et permet aux Rouges-et-Noirs de retrouver l’élite. La Ligue 1 ne semble pas lui faire peur : devenu capitaine de son équipe, il inscrit pas moins de neuf buts pour sa première saison au plus haut échelon français. Mais le Brestois s’apprête à changer de dimension footballistique, en rejoignant le FC Nantes de « Coco » Suaudeau.
L’épopée nantaise, qui aurait pu lui permettre d’atteindre l’Équipe de France, va le marquer sur le plan tactique. Gourvennec s’imprègne des idées de jeu de Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix, maîtres du célèbre jeu à la nantaise. Arrivé juste après le titre de champion en 1995, le milieu va connaître ses premières expériences européennes. Il atteint même les demi-finales de la Ligue des Champions avec les Canaris. Il quitte le FC Nantes après trois saisons, 109 matchs pour 32 buts toutes compétitions confondues. Cette expérience nantaise lui permet également de connaître ses premières sélections en Equipe de France Espoirs, aux côtés de Zinedine Zidane.
Pour la première fois de sa carrière, le breton quitte sa région natale pour rallier le sud de la France et rejoindre l’Olympique de Marseille. Convaincu par le discours du coach Rolland Courbis, Gourvennec n’est pourtant pas un titulaire indiscutable. Toutefois, ses performances restent bonnes et il vit une nouvelle épopée européenne en atteignant cette fois-ci la finale de la Coupe UEFA, perdue face à Parme. Ce même Rolland Courbis qui l’avait convaincu de venir à Marseille le met dehors, sans explication. Un départ brutal qui marquera la carrière de Gourvennec, et qui le convainc d’adopter une attitude honnête en tant que coach vis-à-vis de ses joueurs.
Jocelyn Gourvennec finit sa carrière en Ligue 1 par trois expériences à Montpellier, à Rennes et Bastia. Au Sporting, il côtoie un certain Christophe Galtier, alors adjoint du coach Gérard Gili. En 2004, à la fin de son expérience corse, le Brestois termine sa carrière professionnelle en Ligue 2, du côté d’Angers SCO et de Clermont. Après une expérience en Division d’Honneur, il met définitivement un terme à sa carrière de footballeur.
Critiqué pour sa méconnaissance du très haut niveau en tant qu’entraîneur, Gourvennec peut tout de même se targuer d’avoir connu le dernier carré des deux coupes européennes avec deux clubs différents et d’avoir frôlé l’Équipe de France championne du monde en 1998.
Les débuts sur le banc
De 2008 à 2010, Gourvennec débute sa carrière sur le banc de La Roche Vendée Football, club de Division d’Honneur. En parallèle, il passe ses diplômes d’entraineur (DEPF). Pour obtenir le diplôme, chaque coach aspirant doit choisir de suivre un entraîneur. Gourvennec choisira un certain Lucien Favre, entraîneur du Hertha Berlin et qui sera viré après un mois seulement cette saison-là. Son bilan à la tête de La Roche est de 25 victoires pour 16 défaites en 53 matchs. Repéré en 2010 par Francis Smerecki et Gérard Houiller, ancien membre de la DTN, Gourvennec est nommé par Noel Le Graet sur le banc de l’En Avant de Guingamp. Le début de la plus belle expérience de coach de Gourvennec jusqu’alors.
En 2010, Guingamp gît en National, après être descendu de Ligue 2 un an seulement après avoir glané la première Coupe de France de l’histoire du club. Tout est à reconstruire. Dès sa première saison, il impose sa patte et refait monter le club en deuxième division. Guingamp termine sur le podium avec la meilleure attaque (87 buts) et le meilleur buteur (Thomas Giresse) du championnat.
L’année suivante, Guingamp se stabilise en Ligue 2. Les six premiers mois, les Costarmoricains se permettent même de jouer les premiers rôles, et se classent à deux petits points du podium à la trêve. Le jeu offensif guingampais séduit. Gourvennec n’hésite pas à lancer des jeunes en équipe première. Cette année-là, Guingamp aligne une équipe avec une moyenne d’âge de moins de 24 ans. Des joueurs comme Giannelli Imbula et le Roubaisien Anthony Knockaert se révèlent avec l’équipe professionnelle.
La troisième saison de l’entraineur brestois est la bonne : Guingamp continue sa marche en avant, et tient cette fois-ci le rythme après la trêve. Pour la première fois depuis 2007, En Avant retrouve l’élite du football français, en terminant à la deuxième place du championnat de Ligue 2, derrière le Monaco de Claudio Ranieri.
La qualité du travail effectué par Gourvennec à Guingamp attire même l’œil d’Arsène Wenger, qui le considère, comme l’avenir du métier en France. Ses pairs reconnaissent eux-aussi son travail à la tête du club des Côtes d’Armor, le jeune entraîneur étant sacré meilleur coach de Ligue 2 aux trophées UNFP. En Ligue 1, c’est un autre entraineur prometteur qui gagne le trophée : Christophe Galtier. Arrivé en Ligue 1, Jocelyn Gourvennec ne renie pas pour autant ses principes de jeu. Après des débuts prometteurs, Guingamp traverse une phase plus compliquée après l’hiver, mais réussit finalement à se maintenir en Ligue 1. Malgré ses faibles moyens (19e budget de Ligue 1), le club costarmoricain parvient à se hisser en finale de Coupe de France, encore une fois face au voisin rennais. Pour le remake de la finale de 2009, le groupe de Jocelyn Gourvennec réussit l’exploit de soulever une nouvelle Coupe de France. Pour le Brestois, il s’agit de son premier et dernier trophée en date. Sa belle saison lui vaut d’être contacté par l’Olympique Lyonnais, mais il refuse et décide de rester en Bretagne. Lyon retentera sa chance en 2019, mais ne comptera finalement pas sur lui. Qualifié la saison suivante pour les phases de poules de Ligue Europa, Guingamp tombe sur un groupe relevé : face à la Fiorentina, le Dynamo Minsk et le PAOK Salonique, les Bretons devront réussir l’exploit de se qualifier face à des équipes habituées aux compétitions européennes. Contre toute attente, Guingamp arrive deuxième de son groupe, et se qualifie pour les seizièmes de finale face au Dynamo Kiev. Encore une fois, les Guingampais frôlent l’exploit. Au Roudourou, les protégés de Gourvennec s’imposent 2-1, et passent à un but de la qualification au retour (défaite 3-1). En Ligue 1, Guingamp n’est pas en reste et termine à la 10ème place, le meilleur classement de Jocelyn Gourvennec avec le club. Cette saison-là, Jérémy Pied et Claudio Beauvue se révèlent sous les ordres de l’ancien nantais.
Pour sa dernière saison, Gourvennec maintient une nouvelle fois le club en Ligue 1 (16e place). Les Bretons n’ont pourtant aucun cador de Ligue 1 dans leur rang : la colonne vertébrale du club s’articule autour de Christophe Mandanne, Younousse Sankharé ou encore Christophe Kerbrat. Avec 47 buts, Guingamp se retrouve dans le top 10 des meilleures attaques de Ligue 1, devant le LOSC d’Antonetti et l’ASSE de Christophe Galtier cette année-là. Un total que le LOSC n’a jamais atteint en Ligue 1 entre 2013 et 2019. Pisté par le RB Leipzig pour prendre les rennes de l’équipe première, Gourvennec rallie l’Aquitaine et rejoint les Girondins de Bordeaux.
L’avis de l’expert : EAG Actus
Compte de référence sur l’actualité du club guingampais sur Twitter, EAG Actus s’est confié au Petit Lillois.
« À Guingamp, Gourvennec est un demi-dieu. Il a fait passer le club du National à la Ligue 1 en l’espace de 3 saisons. Puis il a gagné une Coupe de France, a emmené le club dans le top 10 du championnat et fait passer les poules en Europa League avec des joueurs qui n’étaient pas prédisposés à être des cracks. En terme de style de jeu, il jouait souvent en 4-4-2 et aimait bien passer par les ailes. L’équipe n’hésitait pas à multiplier les centres, peut-être parfois un peu trop. C’est un bosseur qui est vraiment compétent. Je trouve qu’il a certains points communs avec Christophe Galtier. »
« Son passage à Bordeaux n’était pas si mauvais la 1ere saison, mais ç’a été bien moins satisfaisant la seconde. Mais en même temps, quel entraîneur peut se targuer d’avoir réussi là-bas ces dix dernières années ? Après il est revenu en novembre 2018, lorsque le club était dernier du championnat. Mais on ne lui jette pas la pierre pour la descente en L2 puisqu’il n’avait ni choisi son groupe, ni fait la préparation estivale. Après, il garde une part de responsabilité dans cet échec. A noter : il a quand même réussi à emmener Guingamp en finale de Coupe de la Ligue cette année là. Alors j’imagine bien que les supporters pouvaient espérer mieux avec Laurent Blanc ou Claudio Ranieri par exemple, mais il faut lui laisser sa chance, même si il arrive dans un climat compliqué. »
La promotion à Bordeaux puis le retour aux sources
Le 27 mai 2016, Jocelyn Gourvennec signe aux Girondins de Bordeaux. Après des débuts relativement poussifs, le Brestois mène son équipe jusqu’à la qualification en coupe d’Europe, grâce à une sixième place obtenue sur le fil. Suite à la belle saison bordelaise, Gourvennec est nommé pour le titre de meilleur entraîneur de Ligue 1, aux côtés d’Unai Emery, Leonardo Jardim et Lucien Favre.
Mais la deuxième saison ne se passe pas comme prévue. Les Girondins sont piteusement éliminés par Videoton, un club hongrois, en barrage de Ligue Europa. Les débuts en Ligue 1 sont pourtant bons. Malgré un mercato qui a vu partir de nombreux joueurs, Bordeaux se renforce et se hisse, au soir de la 7ème journée, sur le podium de la Ligue 1. Mais une défaite 6-2 au Parc des Princes a raison de la bonne dynamique bordelaise. A partir de ce moment-là, Bordeaux dégringole et se retrouve enlisé dans le ventre mou du classement. C’en est trop pour les dirigeants des Girondins, qui attendaient beaucoup plus de leur équipe et de leur coach. Le 18 janvier 2018, Jocelyn Gourvennec est démis de ses fonctions.
L’occasion pour le natif de Brest de prendre du recul. Six mois après son éviction, il rejoint l’équipe du Canal Football Club.
L’avis de l’expert : Girondins4ever
Média reconnu spécialiste de l’actualité girondine, Girondins4ever s’est exprimé sur le passage de Jocelyn Gourvennec à Guingamp.
« Il avait le profil idéal pour notre club : un bâtisseur, avec une idée de jeu, et s’exprimant bien dans la presse. Je vois qu’il se fait lyncher avant même d’avoir commencé au LOSC, c’est un peu navrant, mais compréhensible au vu des attentes des supporters et du dernier titre de Champion de France. Oui, ce n’est peut-être pas un nom clinquant, mais visiblement Lille a dû se rabattre sur un autre choix, essuyant les refus. Je le concède aussi, il a moins la ‘hype’ que lorsqu’il est arrivé à Bordeaux où il avait fait juste avant de l’excellent travail à Guingamp. Chez nous, la première saison, il est arrivé avec un projet de jeu plaisant, avec deux attaquants en pointe, et a terminé 6ème. La seconde saison, et ce malgré un bon recrutement, il s’est retrouvé dans une spirale compliquée et a été viré. Il y a eu aussi une défaite face à Granville en Coupe qui était très mal passée. Après, pour être très honnête, oui, il restait sur une série de défaites avec un bilan comptable très médiocre. Mais l’entraineur a été un problème chez nous ces dernières années, peu importe son profil. Et il faisait certainement partie de ceux qui ont payé des problèmes plus importants au club. »
« Les supporters étaient plutôt derrière lui, jusqu’à la fin d’année 2017 et cette mauvaise série. Les UltraMarines ont ainsi demandé sa démission, et devant la pression – et aussi les mauvais résultats – la direction a fait le choix de se séparer de l’entraineur. Lui disait à l’époque qu’il était sûr de finir la saison comme lors de sa première année, à la 6ème place, ce qui a créé chez lui un goût d’inachevé. »
« Concernant le recrutement, il y a quelques dossiers qui ont du mal à passer encore aujourd’hui chez les supporters. En premier, la venue de Nicolas De Préville en provenance de Lille, payé 10M€. A cette époque, c’est l’entraineur qui décidait chez nous du recrutement, et il avait fait le choix de NDP au lieu d’un certain Luuk de Jong, qui était d’accord pour venir. Il y a aussi certains échecs retentissants comme Jonatan Cafú. Il est aussi celui qui a voulu faire jouer Jules Koundé latéral droit, n’étant pas persuadé qu’il serait bon au poste de défenseur central vu sa ‘petite’ taille. Il est également celui qui a voulu faire jouer Zaydou Youssouf sur un côté, alors que tout le monde sait que c’est un joueur d’axe. »
« Coté vestiaire, il n’y pas eu de trouble majeur. Mais il n’a pas su trouver les mots et les ressorts pour faire sortir Bordeaux de la crise. Il y a eu deux petits épisodes comme le selfie de Malcom avec Neymar, ou encore une vidéo sur les réseaux sociaux après une défaite face à Caen (le dernier match de Gourvennec) qui montraient bien qu’il ne tenait pas forcément le groupe, même si les Brésiliens, surtout jeunes, n’étaient pas forcément conscients de ce qu’ils faisaient à l’époque. Il faut savoir qu’il est plus un manager qu’un entraineur au sens propre du terme. Il a les diplômes dans ce secteur d’activité. Au niveau des entrainements, c’est Eric Blahic qui dirige tout. Mais il sait intervenir fermement lorsque le groupe ne répond pas aux attentes lors des séances. »
« Il a toujours eu une bonne image auprès des médias à Bordeaux. Sérieux, calme, posé, disponible. Mais ses résultats ont fait de lui l’un des entraineurs qui a eu la pire moyenne de points pris en une demi-saison. Cette arrivée à Lille interroge chez les supporters. Jocelyn Gourvennec doit avoir connaissance des facteurs du nouveau projet, mais pour lui c’est effectivement un beau challenge, inespéré il y a encore quelques mois. C’est également à double tranchant car s’il ne passe pas l’hiver, son CV d’entraineur en prendra un coup ».
Mais fin 2018, coup de théâtre : Gourvennec revient à Guingamp. Le club agonise à une 20ème place peu reluisante. Malgré l’arrivée de l’ancien héros du Roudourou, le club descend en Ligue 2 à la fin de la saison. Paradoxalement, Guingamp réalise le meilleur parcours de son histoire en Coupe de la Ligue et se hisse en finale, au Stade Pierre-Mauroy, éliminant notamment le PSG au Parc des Princes deux buts à un. Défaits par Strasbourg, les Guingampais rentrent finalement bredouilles du Nord de la France. A la fin de la saison, Jocelyn Gourvennec quitte le club en raison de divergences avec les dirigeants du club.
Depuis son départ de Guingamp, Jocelyn Gourvennec s’est retiré, et a préféré devenir consultant plutôt que de reprendre un club trop précocement. Le temps, pour lui, de passer des diplômes de manager sportif à Limoges, d’observer le football (notamment le LOSC de Christophe Galtier et le Monaco de Niko Kovac) et de faire progresser ses idées de jeu, avec à l’esprit la volonté d’être dans les meilleures dispositions à l’heure de retrouver un nouveau projet. Contacté par pléthores de clubs ces derniers mois (Lyon, Rennes, Brest, Guingamp, Toulouse, Dijon, Sunderland ou encore Montpellier), Gourvennec a finalement choisi le Nord pour découvrir un quatrième club en tant qu’entraîneur.
L’ancien coach de Guingamp arrivera-t-il à faire mentir les pronostics ? Réponse cette saison au Stade Pierre-Mauroy.
- FootballIl y a 2 semaines
Les supporters lillois pas totalement convaincus par le mercato hivernal du LOSC
- FootballIl y a 2 semaines
Sondage : Le LOSC doit-il prolonger Vito Mannone en fin de saison ?
- FootballIl y a 2 semaines
La liste des joueurs retenus par le LOSC pour la phase finale de la Ligue des Champions
- FootballIl y a 1 semaine
LOSC – Le Havre AC : « Il nous manque quelqu’un ? », Olivier Létang « s’énerve » après une question sur le mercato
Vous devez être identifié pour commenter Connectez vous
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.