Publié le 21 octobre 2025 à 22:06

Par - Catégories : Football, LOSC-

Ce jeudi, le LOSC reçoit le PAOK Salonique dans le cadre de la troisième journée de Ligue Europa. Pour l’occasion, Le Petit Lillois est allé à la rencontre de Martial, suiveur du football grec. 

Né en 1992, Martial est le community manager de la page Football Grec France. Journaliste de formation, il s’est pris de passion pour le football hellénique au fil des années. Tout est parti de ses vacances en Grèce dans les années 2000, où il découvre un pays profondément attaché au ballon rond. L’intérêt s’est renforcé avec la carrière de Rafi Djebbour, originaire du même quartier que lui, puis s’est transformé en véritable passion lorsqu’il a commencé à écrire sur le sujet pendant ses études. Aujourd’hui, Martial est l’une des voix francophones les plus éclairées sur le football grec, alliant regard journalistique et amour sincère pour ce sport et ce pays.

Zoom sur le PAOK

1) Quelle est la dynamique actuelle du PAOK ? 

La dynamique du PAOK est excellente, il faut bien le dire. Ils sortent de deux victoires marquantes, face à l’Olympiakos d’abord, un match complètement fou où, menés 1-0 et proches d’encaisser les deuxièmes et troisièmes buts, ils ont trouvé les ressources pour renverser la situation en l’emportant 1-2. Et, il faut dire que ça aurait très bien pu faire 3 ou 4-1 à l’issue de la rencontre, il n’y aurait pas eu de scandale.  Puis ce week-end, sur le terrain de l’AEK, un succès encore plus fort symboliquement dans un classique du football grec. En Grèce, les derbies ont une valeur presque décuplée. Déjà, ils se répètent assez souvent avec le système de play-off mais, ils conditionnent beaucoup de choses, que ce soit le moral, la confiance ou la hiérarchie. Et comme il y a un fossé assez important entre les petits et les gros clubs, les gros matchs pèsent encore plus lourd.

Bref, la forme du PAOK est actuellement excellente, et c’est d’autant plus remarquable que, pas plus tard qu’en début de saison, j’imaginais le PAOK traverser un exercice bien plus laborieux. Mais c’est typiquement le genre d’équipe insaisissable : à chaque fois qu’on la croit au bord de la crise et que Lucescu (entraineur) va partir, ils parviennent à trouver la formule pour remobiliser tout le monde et relancer la machine. C’est une équipe agaçante, dans le bon sens du terme, accrocheuse, pas forcément brillante sur le papier, mais redoutable collectivement.

Que penses-tu de son mercato et quelles sont ses ambitions ?

Côté mercato, je reste un peu sur ma faim. Le PAOK a cette tendance à miser sur des joueurs d’expérience, parfois trop même : beaucoup ont dépassé la trentaine, et ça se ressent. C’est l’effectif d’Europa League qui a aligné le onze de départ le plus âgé durant cette édition 2025-26 (30,5 ans de moyenne d’âge). Lucescu s’appuie sur une ossature stable, certes, mais âgée et qui manque de fraîcheur. C’est d’autant plus dommage que le club possède une bonne académie et des moyens financiers non négligeables grâce à Savidis. Il y a tout de même deux coups notables : Zafeiris, gros investissement (plus de 10 millions, recrue la plus chère de l’histoire du club, la deuxième étant Ingasson pour 4M€), mais qui n’arrivera qu’en janvier, et Giakoumakis, revenu du Mexique, un profil solide mais pas transcendant pour l’instant. En somme, le PAOK a réalisé un mercato cohérent à l’échelle du championnat grec, mais pas forcément à la hauteur d’un club qui prétend s’installer durablement dans le paysage européen.

Quant aux ambitions, elles sont claires : viser le titre en Grèce, aller le plus loin possible en Europe et, si possible, remporter la Coupe nationale. Le PAOK joue pour gagner, tout simplement.

2) Quel est le joueur à surveiller du côté du PAOK ? 

Le joueur à suivre, pour moi, c’est Konstantelias, sans hésitation. Ce garçon respire le football. Il a cette capacité rare à faire basculer un match sur une action, une inspiration. Il manque encore un peu de régularité, mais quand il est dans un bon soir, il est injouable. Son but ce week-end en dit long sur ce qu’il est capable de produire.

3) Quelles sont les forces et faiblesses de cette équipe grecque ? 

Le PAOK, c’est une équipe difficile à cerner. Pas spectaculaire, pas glamour, mais très structurée. Elle me fait un peu penser à ces formations “à l’italienne”, à savoir très tactiques, rigoureuses, concentrées. Razvan Lucescu, à mon sens, est un entraîneur sous-estimé : ses équipes ne produisent pas un football flamboyant, mais elles savent ce qu’elles font. Leur force, c’est d’abord le collectif. Chaque joueur connaît son rôle, chacun compense les manques des autres. Autre atout : les coups de pied arrêtés. Lucescu en fait un véritable axe de travail, et avec des joueurs comme Camara, c’est souvent une arme décisive. Mais au-delà du sportif, le PAOK se présente toujours avec d’énormes parcages à l’extérieur, c’est un des clubs les plus sous-côtés sur cet aspect-là car tu as beaucoup de fans en Allemagne, en Belgique et un peu partout en Europe. Je pense que le parcage sera bien rempli et généralement, c’est un parcage très bruyant, tout en noir et sur un match comme ça, ça peut être une force.

Mais les faiblesses existent aussi : la défense vieillissante, qui manque de vrais tauliers que ce soit dans l’axe ou sur les côtés. Et puis, surtout, la question de l’intensité. Face à une équipe de Ligue 1 comme Lille, qui joue à un rythme plus élevé, il faut tenir physiquement et techniquement. C’est là que le PAOK peut souffrir : difficile de rivaliser sur la durée, notamment loin de ses repères.

Pour autant, sur un match sec, tout reste possible. Ce format européen est particulier : pas de match retour, donc chaque match semble indépendant dans l’analyse. Le PAOK peut très bien surprendre, comme il peut exploser. C’est ce qui rend cette équipe aussi imprévisible que pénible à affronter.

4) Quel regard poser sur le LOSC ? Quel est le joueur dont tu te méfies le plus ?

Côté LOSC, la dynamique semble bonne. Et puis, franchement, le LOSC a de la qualité à tous les postes. Je me méfierais particulièrement de Matias Fernandez Pardo, capable de casser une ligne sur une accélération, même s’il lui manque encore un peu de maturité dans les choix. Et puis, évidemment, Igamane, qui pour moi est un pur joueur d’Europa League comme on a pu le voir avec les Rangers. Enfin Giroud, parce que Giroud, c’est Giroud. C’est un joueur qui parvient à performer contre tout type d’équipes, qu’elles soient regroupées ou non.

Je me rappelle d’un match Olympiakos – Arsenal en 2015 lors de la dernière journée de la phase de poules. L’Olympiakos gagne 3-2 sur la pelouse de l’Emirates et reçoit Arsenal sur la sixième journée, en position de qualifié. Ils ne doivent pas perdre avec plus de deux buts d’écart et Olivier Giroud claque un triplé. Sur ces matchs-là, il est attendu et le PAOK sait très bien qu’il fait face à l’une des références au poste de numéro 9.

5) A quel genre de matchs t’attends-tu ? Quel est ton pronostic ?

Honnêtement, difficile à dire. Le PAOK est une équipe imprévisible et incomparable aux trois autres gros clubs grecs, et souvent sous-estimée. C’est très dur de présenter ce club, c’est moins clinquant que l’Olympiakos ou l’AEK mais ça reste une valeur sure. En revanche, sur ce match, le LOSC est supérieur sur le papier, plus complet et avec plus de qualités. Mais, avec ce nouveau format, on l’a vu avec l’Olympiakos la saison dernière en Europa League, les matchs sont très différents et il suffit que le PAOK fasse une bonne entame ou un bon match et ça rend le match à Lille complètement différent. Finalement, je ne sais pas trop à quoi m’attendre.

Mon pronostic ? Je dirais 3-1 pour le LOSC, même si, au fond de moi, j’espère que ça fasse 3-1 pour le PAOK (rires).

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