LOSC
« Si Paulo Fonseca a choisi de rejoindre le LOSC, c’est pour y faire de grandes choses »
Titillé par la nouvelle direction que prend le LOSC sur le plan sportif, Le Petit Lillois est parti à la rencontre d’un fin connaisseur et spécialiste du championnat portugais pour en savoir plus sur le nouveau technicien des Dogues, Paulo Fonseca.
Après de multiples pérégrinations malgré les informations solides de la presse, Paulo Fonseca s’est fait attendre avant que son arrivée ne soit officialisée par le LOSC. Un nouvel homme fort au curriculum vitae séduisant et qui emballe les foules. Mais qui est-il vraiment et que nous réserve ses talents de technicien ? Malgré ses passages au FC Porto, au Shakhtar Donetsk et à l’AS Roma, il n’est pas le Portugais le plus connu du grand public. Intrigué et curieux, Le Petit Lillois est parti à la rencontre de Matthieu Monteiro, spécialiste du football portugais pour Golaço.
Suiveur assidu du football portugais et des personnalités qui l’entourent et le composent, Matthieu Monteiro est avant tout un supporter invétéré du Sporting Braga. Passé par l’écurie portugaise qui a terminé au pied du podium à l’issue de la saison 2021-22 de juillet 2015 à mai 2016, Paulo Fonseca y a laissé de merveilleux souvenirs. Une année ponctuée d’un titre historique qui a marqué à jamais l’esprit des Guerreiros do Minho : « Je garde de lui un souvenir extrêmement positif, dans le sens où, à la fois sur l’aspect purement footballistique – c’est-à-dire au niveau des résultats, il a remporté la deuxième Coupe du Portugal de l’histoire du club, 50 ans après la première, plus un quart de finale d’Europa League – et aussi sur le plan du jeu, la manière avec laquelle il a obtenu ses différents succès au club a été marquante pour les supporters ainsi que pour le club lui-même. Tu as l’image d’un entraîneur très respecté, qui a beaucoup aidé le club et qui est parti en très bon terme (…) Son passage a été une année quasi parfaite qui s’est bien terminée. Si un jour il revient à Braga, il sait qu’il sera accueilli à bras ouverts. »
« Dans des contextes financiers parfois difficiles, il a su sublimer ses joueurs. »
Un préambule nostalgique qui laisse place à une analyse tactique détaillée des spécificités du jeu léché de Paulo Fonseca. Dans sa façon de penser le football, le Portugais pourrait être comparé à des hommes tels que Pep Guardiola ou Marcelo Bielsa : « Pour moi, au Portugal, tu as deux grands courants d’entraîneur. Il y a ceux qui cherchent à avoir des résultats rapides, sur le court terme, tandis que d’autres privilégient le jeu, ce qui n’empêche pas forcément les bons résultats rapides comme avec Paulo Fonseca à Braga justement, via un football de possession. On peut d’ailleurs dire, et il l’a lui-même avoué, qu’il a été grandement influencé par cette philosophie, par cette idée d’un football de possession, de contrôle et de maîtrise du ballon pour avoir un jeu proactif et des joueurs qui ne se cachent pas. Si on veut schématiser rapidement, c’est un peu la vision que peuvent avoir Pep Guardiola ou Marcelo Bielsa. Après, si on veut rentrer un peu plus dans le détail en parlant de système, c’est un entraîneur qui a une carrière de plus de 10 ans, si on compte uniquement les clubs connus par le grand public, et dont le système a beaucoup évolué. On est passé d’un 4-2-3-1 au 4-4-2 à un 3-4-3 sans pour autant passer par un 4-3-3. Le point commun entre tous ces systèmes, ce sont les deux joueurs au milieu de terrain. Un double pivot assez strict avec deux joueurs au milieu, ce sont eux qui avaient la maîtrise du jeu, avec derrière les centraux et deux latéraux qui se projetaient vraiment très haut parfois. Avec trois centraux à la Roma, il a estimé qu’il lui fallait plus de mobilité dans son milieu de terrain avec par exemple Jordan Veretout qui avait cette volonté de se projeter vers l’avant et d’apporter dans le dernier tiers. Si on veut choisir un point commun entre tous ces systèmes c’est le double pivot mais après il y a quand même pas mal de dynamiques qui ont changé en fonction des effectifs qu’il a eu à sa disposition. »
Un parcours riche en expériences qui prouve qu’il a réussi à s’adapter aux différents clubs et contextes par lesquels il est passé : « Il a su s’adapter aux différents championnats. Par exemple, en Italie, il a été soumis à des contraintes tactiques, via la compétitivité du championnat et des équipes très hétéroclites en termes d’idées de jeu (…) C’était très différent de ce qu’il pouvait connaître avec le Shakthar Donetsk en Ukraine et, qu’on estime ou pas que son passage à la Roma soit un échec ou un semi échec, ça on pourrait en parler, mais ce qui est certain à la fin c’est qu’il en est ressorti tel un bien meilleur entraîneur. A l’époque quand il est arrivé à Braga, il y avait eu beaucoup de changements dans l’effectif, tellement qu’on peut presque parler de reconstruction et pourtant, malgré un mercato fourni, l’équipe s’est très bien comportée et il a réussi à atteindre les objectifs fixés. Donc oui il y a toujours une idée qui est transverse à toutes ses équipes mais maintenant, bien évidemment qu’en fonction des joueurs, du championnat dans lequel il se trouve et du contexte, il a une adaptation naturelle. »
« Il a une personnalité qui fédère autour de lui. »
A Lille, Paulo Fonseca devra composer avec un contexte particulier alors que le club devra consentir à de multiples ventes lors du mercato estival et que la formation est une partie importante du projet mené par Olivier Létang. Un environnement qui pourrait convenir au technicien portugais même s’il ne serait pas honnête de le considérer comme un formateur : « Il n’est pas passé par de très grands clubs formateurs mais oui, je dirais que c’est un entraîneur qui fait confiance aux jeunes et qui fait confiance à la formation. S’il estime qu’un jeune joueur et meilleur qu’un joueur plus âgé, il le titularisera sans souci. Par exemple, à Paços Ferreira, c’est lui qui donne sa chance à Diogo Jota (aujourd’hui à Liverpool, ndlr) alors qu’il n’avait que quelques matchs en professionnel. Ce n’est pas un entraîneur qui pense véritablement au statut. »
Défaut que beaucoup lui ont reproché lors de son mandat à la tête des Dogues, Jocelyn Gourvennec n’est pas parvenu à faire évoluer ou progresser ses joueurs. Une qualité pourtant nécessaire aux clubs français et encore plus au LOSC, dans l’obligation de céder leurs meilleurs actifs dès l’été, qui pourrait être l’une des nombreuses flèches que l’ancien technicien de la Roma a dans son carquois : « Ça ne reste que mon avis mais je dirais que oui et il y a des exemples qui le prouvent, je dirais même qu’il arrive à faire surperformer certains joueurs. Après son passage, certains ont de belles carrières aujourd’hui, je pense à Diogo Jota notamment, je peux aussi citer Jean Michaël Seri, même si c’est à Nice qu’il s’est réellement révélé, on peut penser à Fred qui joue aujourd’hui à Manchester United… donc pour moi oui, c’est un entraîneur qui valorise ses joueurs qui réalisent souvent leur meilleure saison sous ses ordres. Dans des contextes financiers parfois difficiles, il a su sublimer ses joueurs. »
« Si on lui donne les moyens, je pense que c’est un entraîneur qui est capable de rendre son équipe compétitive pour disputer les meilleures places en Ligue 1. »
Un portrait jusqu’ici élogieux qu’il est néanmoins nécessaire de nuancer. Si le Portugais de 49 ans affiche de véritables qualités, il n’est pas sans défaut : « C’est un entraîneur assez calme qui est beaucoup plus porté sur le jeu et sur le côté tactique et stratégique de ces matchs que sur un entraîneur qui va démontrer son leadership par une force de caractère (…) La force de ses équipes provient de leur manière de créer du jeu (…) Il a une personnalité qui fédère autour de lui, notamment par rapport à ce qu’il peut apprendre à ses joueurs en termes de jeu, de connaissances et de cultures du jeu. Surtout, c’est un homme respectable, respecté et qui prend beaucoup sur lui. Un dernier point qui peut aussi parfois être un défaut. Par exemple, à la Roma, dans ses conférences de presse, c’était tout le temps sa faute, il prenait vraiment beaucoup la responsabilité (des mauvais résultats, ndlr) et même parfois un peu trop. Il a ce penchant à toujours vouloir être le responsable quand ça ne va pas. Son manque de caractère peut aussi parfois lui jouer des tours (…) Ses qualités sont essentiellement sur le côté tactique et stratégique de la préparation des matchs plus que sur le côté, je ne dirais pas mental mais c’est vrai que ses équipes ont parfois du mal, dans les grands matchs contre des membres du top 5, à se surpasser et à improviser plutôt qu’à simplement jouer une partition. Il a été vivement critiqué à ce sujet à la Roma. »
Si désormais nous avons déterminé le cadre et les spécificités qui entourent Paulo Fonseca, il est nécessaire de nous projeter alors que seul l’avenir intéresse véritablement les supporters lillois. Une arrivée au LOSC qui attise la curiosité de notre spécialiste : « Je suis un peu surpris. Généralement, c’est un entraîneur qui choisit très minutieusement ses projets. J’ai envie de croire que, s’il a accepté ce défi lillois, c’est qu’il pense réellement qu’il peut faire quelque chose de très bien. A l’époque, quand il sort du FC Porto, au lieu de signer pour des contrats bien plus importants que ce soit en Grèce, en Turquie ou en Arabie Saoudite, il a rejoint Paços de Ferreira, un club qui lui proposait dix fois moins. Il a souvent privilégié sa carrière à l’aspect financier (…) On verra l’état du recrutement et ce que fera Lille en termes de mercato mais agréablement surpris de le voir en Ligue 1 et de le voir de retour sur un banc. » Une arrivée à la tête des Dogues validée par Matthieu Monteiro qui estime que le LOSC a réalisé un bien joli coup : « Je pense que c’est un très bon choix pour le LOSC parce que c’est un très bon entraîneur. Maintenant je pense que cela aurait été plus judicieux l’année dernière après une saison à succès. Mais sur le fond, je pense que c’est un excellent choix pour le LOSC qui vient de recruter un excellent entraîneur (…) On parle d’un homme qui a commencé de très bas après une carrière de joueur très modeste. Quand tu parviens à gravir tous les échelons et à rebondir après tes échecs… c’est un entraîneur qui ne prend pas un projet pour prendre un projet mais qui en prend un pour faire de grandes choses. Généralement ce type de parcours prédit un bel avenir aux entraîneurs portugais. »
Une analyse qui ne peut que se conclure sur une question qui brûle nos lèvres : Paulo Fonseca va-t-il réussir à s’imposer à Lille et en Ligue 1 ?
Une interrogation à laquelle notre homme répond sans sourciller : « Il y a quand même plus de réussites que d’échecs (si on fait le bilan de sa carrière, ndlr). Maintenant, il faut savoir comment il a digéré sa période à la Roma mais j’ai envie de croire qu’il fera du très bon travail à Lille (…) En tout cas, si on lui donne les moyens, je pense que c’est un entraîneur qui est capable de rendre son équipe compétitive pour disputer les meilleures places en Ligue 1, soit la 2ème et 3ème position synonymes de Ligue des Champions. »
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