Publié le 28 août 2023 à 13:00

Les supporters lillois peuvent enfin souffler : Nabil Bentaleb est bien un joueur du LOSC. Après plus d’un mois d’attente, alors même que l’accord total pour la venue du joueur était acté, cet enfant de Nord – un de plus dans l’effectif – arrive avec l’ambition de poursuivre une carrière riche au plus haut niveau.
Un Dogue dans l’âme
Quand on s’intéresse à l’histoire de Nabil Bentaleb, on peut comprendre que les supporters lillois soient aussi impatients à l’idée de le voir jouer sous les couleurs nordistes. L’international algérien, né à Lille, a découvert le football en tant qu’ailier gauche de formation à l’AJS Wazemmes, un quartier du sud de la capitale des Flandres. À 10 ans, il rejoint le centre de formation du LOSC, son club de coeur. Mais en 2009, le rêve tourne court. Le jeune Dogue n’est pas conservé à Luchin. Quelques années plus tard, son père confie que le choix du club s’appuyait sur des doutes sur la croissance de son fils. Devenu adulte, Nabil Bentaleb mesure désormais 1 mètre 87.
Après cet échec, le joueur avoue avoir eu deux possibilités : « abandonner ou leur montrer qu’ils avaient tort. » Le Lillois opte pour la deuxième option. Cette étape difficile va nourrir sa détermination, pas rancunier envers l’écurie lilloise : « En dépit de quelques petits problèmes, je garde de très bons souvenirs de ce passage à Lille car ça m’a permis de grandir. J’y ai passé de bons moments, mais aussi, et c’est le plus important, ça m’a permis de mûrir et d’acquérir de l’expérience », déclarait-il dans une interview accordée à LeButeur.
Le milieu de terrain doit alors rebondir, d’abord en Belgique, à Mouscron, avant que le club ne fasse faillite, puis à Dunkerque, chez les moins de 17 ans, avant de revenir à Lille. Cette fois-ci, le joueur s’essaie au futsal. Nabil Bentaleb traverse alors la Manche et effectue des tests à Birmingham. Le club temporise. Le profil du jeune nordiste attire l’œil d’un autre grand club anglais : les Spurs de Tottenham flairent la bonne affaire et lui offrent un contrat en 2011, pour évoluer dans un premier temps avec les jeunes.
Une ascension fulgurante
Pendant deux ans, Nabil Bentaleb poursuit son apprentissage du très haut niveau à Londres. Avec les U21, il côtoie le coach Tim Sherwood. Fin 2013, face à des résultats contrastés, les dirigeants décident de se séparer d’André Villas-Boas, entraîneur de l’équipe première. Tim Sherwood est promu et marque sa prise de pouvoir par un choix fort, qui ne passe pas inaperçu : le jeune Nabil Bentaleb, alors 19 ans, rejoint le groupe professionnel et est lancé dans le grand bain de la Premier League face au Southampton de José Fonte (resté sur le banc ce jour-là). Le joueur ne bougera plus du onze titulaire. Ses prestations sont remarquées : quelques semaines plus tard, L’Équipe lui consacre une demi-page.
Tout va très vite pour le natif de Lille. Le 29 janvier 2014, à peine un mois et demi après ses débuts professionnels, il est observé en vue d’une potentielle sélection avec l’équipe nationale algérienne. Le hasard veut que ce soit un ancien joueur du LOSC, Nordine Kourichi, qui ait supervisé le milieu de terrain pour faciliter le travail du sélectionneur Vahid Halilodzic, lui aussi un illustre ancien Dogue. Une rencontre est justement organisée à Lille puisque Coach Vahid habite encore la métropole lilloise, ce qui est aussi le cas de la famille Bentaleb.
L’enjeu est de taille pour le jeune Spurs. Se faire une place en sélection peut lui permettre de participer à la Coupe du Monde, le tout alors qu’il n’était âgé que de 19 ans. Possédant la double nationalité franco-algérienne, Nabil Bentaleb opte pour les Fennecs. Il est sélectionné dans la foulée pour la plus prestigieuse des compétitions de football de sélection, jouant trois matchs et participant à la formidable aventure des Verts, éliminés avec les honneurs face à l’Allemagne en huitièmes de finale (1-2).
Ces cinq mois sous la direction de coach Vahid ne sont, malgré tout, pas de tout repos, qualifiés de « très difficiles » par Nabil Bentaleb, tout en soulignant l’obligation pour un joueur de « s’adapter à la méthode du coach ». En club, il demeure un incontournable du milieu de terrain de Tottenham pendant toute la saison 2014-2015. Cette incroyable ascension lui permet d’être nommé pour le prestigieux trophée du Golden Boy par La Gazetta dello Sport.
L’apprentissage de la Ligue des Champions à Schalke
En 2016, après cinq ans chez les Spurs, Nabil Bentaleb rejoint Schalke 04 pour un prêt d’un an. L’aventure allemande se prolonge finalement très vite, le club de la Ruhr levant dès l’hiver l’option d’achat de 20 millions d’euros incluse dans l’opération. Outre la Bundesliga, l’international algérien enchaîne en coupe d’Europe. En 2018, après une brillante deuxième place, Schalke se qualifie pour la Ligue des Champions. Nabil Bentaleb découvre alors une nouvelle compétition. En 6 matchs, il y inscrit trois buts. Ses trois premières saisons sont convaincantes, Schalke 04 se classant systématiquement dans le haut du classement.
Son destin aurait alors pu croiser celui d’un autre illustre lillois en la personne de Rudi Garcia. Le coach champion de France 2011 avec le LOSC, alors à l’OM, active ses réseaux pour faire venir Bentaleb, sans que le transfert ne soit finalement conclu. Il faudra attendre encore pour voir le Fennec fouler les pelouses du championnat de France. Avant cela, l’international algérien quitte la Bundesliga.
En 2020, il effectue son retour en Angleterre pour un passage express en prêt à Newcastle, avant de revenir vivre des derniers mois compliqués à Schalke. D’abord placardisé avant d’être réintégré à la mi-saison, le joueur connaît une descente pour la première fois de sa carrière. L’international algérien traverse alors une passe plus délicate, la « plus difficile » dans sa carrière, marquée notamment par une absence de trois ans en sélection, l’empêchant de participer à la CAN 2019 victorieuse pour les Verts.
« Jamais vu un joueur aussi intrinsèquement fort à Angers »
Libre de tout contrat, Nabil Bentaleb quitte le club de la Ruhr après plus de 107 matchs. Après plusieurs mois sans club, Angers SCO l’accueille pour lui permettre de retrouver la forme. Finalement, le joueur signe un contrat de trois ans avec le SCO début 2022. La Ligue 1 va enfin pouvoir observer les talents du Nordiste. Les observateurs du championnat de France ne vont pas être déçus. Sous Gérald Baticle, le milieu de terrain franco-algérien enchaîne et retrouve un sérieux niveau.
Malgré des résultats compliqués sur le plan collectif, un supporter du club angevin confie « ne jamais avoir vu un joueur aussi intrinsèquement fort évoluer sous les couleurs angevines. » « Sa vision du jeu est très au-dessus de la moyenne. Techniquement, c’est niveau Champions League. Il a une qualité de passe et de frappe de loin qui sont aussi ses points forts. Il peut parfois tomber dans une forme de facilité et être moins dur dans les duels sur certains matchs mais c’est une super pioche, il s’est vraiment remis sur les bons rails à Angers. Et puis c’est un leader » ajoute ce suiveur assidu du SCO.
Logiquement, les prestations de l’international algérien lui permettent de retrouver la sélection nationale en 2023. Sa bonne forme lui permet également d’attirer l’oeil d’écuries huppées du championnat. La presse évoque l’intérêt de Rennes, de clubs anglais, de l’OL, de l’OM ou encore de clubs du Golfe.
Début 2023, une interview pour La Voix des Sports donne le ton : Nabil Bentaleb semble clairement faire un appel du pied à son club de coeur : « Toute ma famille est à Lille. En 2010, j’avais quitté la France et depuis un an que je suis revenu, je m’y plais. Quand j’ai l’opportunité, je reviens à Lille. C’est une ville que j’affectionne particulièrement, où j’ai tous mes repères. » L’intérêt est réciproque, suffisamment pour qu’à l’été 2023, le joueur revienne chez lui. Il aura néanmoins fallu patienter. Le mot de la fin est pour la sixième recrue : « On n’est jamais aussi bien que chez soi », lançait-il dans la presse locale, comme une déclaration prémonitoire.
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