Publié le 30 décembre 2023 à 18:01

Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de retrouver les membres de sa famille. De son côté, Valentin Vanbaleghem avait anticipé les choses en rejoignant le LOSC cinq mois plus tôt. Un Dogue de retour au bercail qui nous a accordé de longues minutes d’entretien.
Comme bon nombre de jeunes Dogues, Valentin Vanbaleghem s’est pleinement épanoui au sein du centre de formation du LOSC, y passant une grande partie de sa jeunesse. Il est même allé jusqu’à défendre les couleurs de son club lors de la réception de l’Excelsior Saint-Joseph en 16èmes de finale de Coupe de France (4-1), disputant ses 24 premières et dernières minutes à Lille chez les professionnels. Par monts et par vaux, c’est ensuite entre la France, l’Italie et la Belgique qu’il a poursuivi sa route jusqu’à boucler la boucle par un retour chez les Dogues, au cours de l’été dernier. Un fait peu anodin que nous avons suivi tout au long des mois écoulés, de la préparation jusqu’à la National 3, et que nous avons eu la chance de pouvoir évoquer avec lui pendant un entretien d’une trentaine de minutes.
J’aimerais d’abord revenir sur ce qu’il s’est passé auparavant. Quels sont les souvenirs que tu gardes de ton passage au centre de formation du LOSC ?
Je garde d’excellents souvenirs de cette période. Lille est le club qui m’a fait grandir. C’est là où j’ai signé mon premier contrat pro là où j’ai rencontré des éducateurs qui m’ont beaucoup appris. C’est un club pour lequel j’ai énormément d’affection. Pour tout vous dire, je suis supporter depuis tout petit, donc être passé par le centre de formation du LOSC est une grande fierté pour moi. Je n’en garde que des bons souvenirs. […] C’est une très belle partie de ma vie.
Comment as-tu vécu ton départ à l’époque ?
C’est vrai que comme pour tout joueur formé dans son club de cœur, c’est toujours difficile de partir, mais je ne regrette absolument rien. J’ai eu la chance de signer mon premier contrat professionnel au LOSC. J’ai eu l’opportunité de partir à un moment où le club ne comptait pas sur moi. J’ai préféré sauter le pas pour avoir du temps de jeu ailleurs. Je ne regrette absolument rien, et même plus encore, c’est que toutes mes expériences m’ont énormément appris.
Tu es ensuite parti dans d’autres écuries (2018), notamment à l’étranger, que ressors-tu de ces expériences, loin de ton cocon familial ?
Je commence par deux clubs en France avant de partir en Italie parce que je suis sans club et j’ai cette opportunité qui s’offre à moi. C’était l’occasion de découvrir de nouvelles choses, une nouvelle langue, une nouvelle culture et un nouveau pays. Je l’ai très bien vécu, d’autant plus que l’on avait fait une superbe saison là-bas à Pérouse. J’ai énormément appris dans un pays où la culture tactique est mise en valeur. C’était encore plus intéressant au vu de mon positionnement sur le terrain (défenseur central, milieu défensif). C’est une expérience qui m’a beaucoup apporté, surtout sur le plan tactique.
Quand je suis arrivé là-bas, je sortais de la période Covid et de plusieurs mois sans compétition alors qu’ils avaient déjà débuté la saison. Ça n’a pas été simple parce qu’il a fallu les rattraper physiquement. On va dire que j’ai dû travailler deux fois plus pour m’adapter aux conditions et au style de jeu. C’était une chance pour moi de vivre ça. C’est d’ailleurs là-bas, avec Châteauroux, que j’ai disputé le plus de matchs. C’est vrai que les premiers mois ont été compliqués, avec beaucoup de matchs sur le banc et des entrées en cours de jeu, mais je parviens rapidement à trouver ma place pour participer à la montée du club en Serie B.
Dans quelle condition as-tu quitté l’Italie ?
J’avais signé un contrat d’un an, comprenant une année en option si l’on montait, ce qu’il s’est passé. J’ai fait six mois en Serie B, mais je n’étais plus titulaire. Je faisais des entrées en cours de jeu mais ce n’était pas suffisant. En janvier, le club m’a fait comprendre qu’il n’allait pas me prolonger et que je pouvais partir pour saisir du temps de jeu. C’est ce que j’ai voulu, je voulais jouer et prendre du plaisir sur le terrain. C’est à ce moment-là que l’opportunité d’aller en Belgique s’est présenté et que je suis revenu plus proche de Lille.
Tu as donc fait ton petit bonhomme de chemin avant de faire ton retour à Lille l’été dernier. Comment s’est passé ce nouveau rapprochement ?
J’avais déjà eu des contacts avec le club avant d’aller à Sedan, mais ça n’était pas allé plus loin. On en avait juste discuté alors que j’avais déjà donné mon accord à Sedan. Après ma première année à Sedan, j’ai rapidement entendu dire que le club n’allait pas très bien financièrement parlant, on a donc repris contact avec Lille. Les échanges se sont bien passés et le projet qui m’a été proposé m’intéressait. Je n’ai donc pas beaucoup hésité.
Quel était le projet ?
Le but, de leur côté, était d’amener un joueur d’expérience avec du vécu à des échelons supérieurs, ce que j’ai connu en National, mais aussi en Belgique et en Italie. Il voulait un joueur d’expérience, par l’âge et par le vécu sportif pour encadrer. Mon rôle dans le vestiaire était notamment important pour faire respecter un certain cadre en tant que jeune joueur (ex : les horaires), amener les plus jeunes à grimper les échelons et d’apporter quelque chose à ce niveau-là avec mon expérience.
Quelle a été ta réaction et celle de ta famille après cette proposition ?
C’est sûr qu’avec ma conjointe, quand on a su qu’on allait se rapprocher de notre famille et de nos amis, on était heureux. Vis-à-vis de ma famille, c’était une fierté, mais il y a aussi des personnes qui m’ont dit que je n’allais quand même pas revenir en National 3. Je ne les ai pas écoutées, mon choix était déjà fait. Je savais pourquoi je revenais et revenir dans un club comme le LOSC, c’était ce que je voulais. Je voulais repasser par là et je suis très heureux.
Je n’ai pas hésité une seconde. Le projet m’intéressait et je me dis qu’il y a toujours l’opportunité d’essayer de gratter quelque chose au-dessus. Je suis un compétiteur et que ce soit la National 3 ou un cran plus haut, j’ai toujours cette faim de victoires et cette envie de continuer à progresser. J’ai d’ailleurs eu la chance de faire la préparation avec le groupe professionnel alors que le projet initial n’était pas vraiment ça. Je m’entraîne aussi souvent avec eux, et je ne ferme pas la porte à ça dans mon esprit.
Si on revient sur ton rôle d’encadrant, comment le gères-tu au quotidien, tant sur le terrain qu’en-dehors ? Tu m’as parlé du respect des horaires, tu es le grand méchant du groupe ?
Non (rires). C’est vrai que je suis peut-être le joueur qui est un peu relou avec ça, mais il y a aussi Abdoulaye Ousmane qui fait partie des plus anciens dans le groupe de la réserve. On a ce rôle de cadre dans le vestiaire. On a fixé des règles avec le coach et le staff, qu’on a nous-mêmes mises en place. C’est vrai que ça plaît ou ça ne plaît pas, mais c’est toujours sur le ton de l’humour pour garder une bonne ambiance. Cela se passe bien jusque-là, le groupe a bien adhéré à tout ça. Ils savent que je ne suis pas le méchant de l’histoire, mais que ce qu’on l’on fait, c’est pour leur bien et pour le bien du groupe.
Ce n’est pas top difficile d’intégrer un groupe bien plus jeune, qui n’a pas connu les mêmes choses ?
C’est vrai que le début n’est pas évident. Quand on arrive, il y a un écart générationnel même si je ne suis pas très vieux (rires). Ils sont très jeunes, mais cela se passe très bien. Je l’avais vécu moi-même dans le sens inverse avec Sébastien Pennacchio qui avait intégré la réserve à mon époque et j’essaie de m’inspirer de ça. J’avais vu son rôle et ça s’était très bien passé. C’est un projet qui m’a rappelé ces moments-là, et ça m’a d’autant plus donné envie. Les jeunes savent que je n’ai pas forcément le même humour que le leur, et tout se passe très bien.
En plus d’avoir de jeunes joueurs, il y a aussi de jeunes joueurs étrangers (Yassine Khalifi) qui sont récemment arrivés au sein de la réserve, c’est une approche encore différente avec eux ?
Yassine est quelqu’un de très réservé en plus, donc c’est vrai que d’arriver comme ça de son pays ce n’est pas évident, mais il est très bien intégré et fait preuve de beaucoup de sérieux. Il a eu un peu de mal au début, notamment dans le vestiaire, mais c’est à nous, les plus anciens avec Abdoulaye, de faire le premier pas pour qu’il intègre pleinement le groupe. Cela s’est fait doucement, mais d’une très bonne manière. Je pense qu’il est très heureux ici et ça se voit sur le terrain.
Justement sur le terrain, c’est Abdoulaye et toi qui parlaient le plus ?
Par rapport à ça, on se complète plutôt bien. Je suis d’un naturel plutôt calme, donc même si je parle un peu sur le terrain, je préfère le faire en-dehors, en parlant individuellement avec certains joueurs quand il le faut. De son côté, Abdoulaye est plus la grosse voix qui va apporter beaucoup sur le terrain. Je suis plutôt calme même dans mes prises de paroles dans le vestiaire et dans mon discours. Je ne suis pas là à crier, même si parfois il faut être capable de le faire, mais on se complète vraiment bien avec Abdou à ce sujet.
Cela t’arrives souvent de parler avant / pendant / après un match ?
C’est vrai que je vais parler à pas mal de joueurs avant de rentrer sur le terrain, pas quand il y a tout le groupe, mais plutôt à l’échauffement ou en salle pour se projeter sur les matchs qui nous attendent. On a la chance d’avoir un groupe très à l’écoute qui adhère beaucoup à cette façon de fonctionner et qui a envie d’apprendre, donc c’est plutôt facile.
Tu m’as dit qu’il fallait parfois hausser le ton, as-tu un exemple en tête ?
Il y a eu plusieurs matchs, notamment la première mi-temps contre Marcq-en-Baroeul lors de laquelle on perd de trois buts (3-0). C’était catastrophique alors il a fallu dire les choses. Quand on est revenu sur le terrain, on a pris la parole avec Abdoulaye et, même si le score n’a pas été en notre faveur (4-3), on avait montré un tout autre visage. Cela montre l’état d’esprit du groupe. Quand on n’est pas dedans, cela arrive, il faut savoir dire les choses et se remettre en question.
Dans ces moments-là, quel est l’équilibre trouvé entre vous deux et l’entraîneur ?
C’est toujours le coach qui parle en premier dans le vestiaire. Nous, c’est plutôt juste avant de rentrer sur le terrain. Il nous laisse deux à trois minutes pour parler et si on veut prendre la parole on la prend. On ne le fait que quand on en ressent le besoin, sinon ce n’est pas nécessaire. C’est le coach qui donne les consignes et pousse parfois des gueulantes pour nous remobiliser (rires).
D’ailleurs, comment est Stéphane en tant qu’entraîneur ?
C’est quelqu’un qui se remet toujours en question. Peu importe le résultat final, victoire ou défaite, il a toujours une exigence élevée. On peut gagner en faisant un très bon match, en vidéo, il va appuyer sur ce que l’on a fait de bien, mais aussi sur les mauvaises choses pour que l’on progresse et que l’on perçoive ce qu’il nous manque. Il est également très franc, on sait ce qu’il pense. C’est un coach exigeant qui en demande beaucoup, mais quand on est un groupe jeune il faut apprendre vite, donc ça correspond. Son jeu me correspond parce que c’est ce que j’ai appris en centre, à faire le jeu, à mettre de l’intensité, à répéter les courses… Il veut que l’on reparte court mais on connaît aussi la réalité des terrains en N3 et il faut parfois se réinventer et s’adapter, ce qu’il n’hésite pas à faire. Sa philosophie, de ressortir court, de mettre de l’intensité, des courses vers l’avant et être agressif haut pour rapidement récupérer le ballon, c’est quelque chose qui me correspond.
Si l’on se concentre sur la première partie de saison, vous êtes troisièmes. Quel bilan peux-tu dresser ?
Quand on regarde le classement, c’est vrai que l’on est plutôt bien situé. On sait néanmoins que l’on doit encore progresser sur beaucoup de points. On est un groupe très jeune et on fait parfois des erreurs bêtes qu’on ne doit pas commettre. Si on a le bon état d’esprit et qu’on met ce que le coach veut faire en place, il y a des choses à faire cette saison. Il faut continuer de travailler, même si ce que l’on a fait est déjà plutôt bon. Je ne sais pas si c’est l’objectif du club, mais on joue tous pour gagner tous les matchs. Notre ambition est de monter. Si on a l’opportunité de le faire, on ne s’en privera pas.
Beaucoup de jeunes atteignent l’équipe professionnelle ces derniers mois, sens-tu une sorte d’émulation à ton niveau ?
Chaque joueur dans l’effectif se bat toutes les semaines pour gratter une place à l’entraînement ou dans le groupe professionnel. On a l’exemple d’Ayyoub (Bouaddi) qui a débuté avec nous et fait aujourd’hui partie intégrante du groupe pro. On a tous envie de suivre ce parcours-là et d’aller chercher les choses. La concurrence est très saine entre nous. On sait que les bonnes performances individuelles passent d’abord par des résultats collectifs.
Tu as brièvement eu l’occasion de croiser Ayyoub Bouaddi qui a fait quelques matchs en réserve avant de grimper plus haut. Comment le perçois-tu ?
C’est allé très vite pour lui, mais c’est un joueur sérieux qui travaille énormément sur et en-dehors du terrain. Il est toujours à l’écoute. J’ai souvent eu l’occasion d’échanger avec lui et c’est quelqu’un de très mature pour son âge. Ce n’est pas une surprise de le voir avec le groupe professionnel. Je lui souhaite de continuer et de s’intégrer de plus en plus. Outre ses qualités sur le terrain, parce qu’elles sont indéniables, il met tout en œuvre en-dehors pour réussir.
Pour rester sur le groupe professionnel, le LOSC va bientôt retrouver Golden Lion en Coupe de France. Un petit clin d’œil à ta propre histoire alors que tu es apparu avec le LOSC lors d’un match contre une équipe des DOM-TOM, Quel souvenir gardes-tu de ton entrée ?
C’est un merveilleux souvenir. Il n’y avait pas beaucoup de monde, évidemment, mais c’était à domicile et c’était une immense fierté de jouer en professionnel dans son stade, d’autant plus quand on finit par une victoire. J’espère que ça se reproduira rapidement. […] On espère toujours. Je m’entraîne tous les jours en N3 pour avoir ma chance. Si ça se passe là, c’est bien, et si ça ne se passe pas, tant pis. Je continuerai quoiqu’il arrive à travailler. On garde toujours espoir.
Tu as participé à la préparation estivale, jusqu’au stage en Allemagne, comment l’as-tu vécu ?
Ça s’est super bien passé. Le groupe professionnel a très bien accueilli tous les membres du groupe Pro 2. Avec le coach aussi, cela s’est très bien passé. Ces entraînements sont très intenses, mais ils sont toujours assez ludiques, sous forme de jeux. C’est une philosophie qui me plaît énormément. J’ai beaucoup appris en deux mois de préparation. Je me suis très bien senti et dès que j’ai l’opportunité d’être intégré avec les pros, je me donne toujours à 100% pour montrer que je suis concerné. Ce n’est pas parce que je suis le plus ancien des Pro 2 et que mon rôle n’est pas forcément celui de monter que je ne montre pas que j’ai envie et qu’il ne peut pas faire appel à moi s’il en ressent le besoin.
Quels sont les joueurs qui t’ont marqué lors de cette période ?
Il y a un bon groupe avec des joueurs qui ont beaucoup de qualités, mais si je dois en citer un, ça serait Benjamin André. C’est un joueur avec un professionnalisme énorme, qui apporte beaucoup dans le jeu par sa communication avec les joueurs et cela se traduit à l’entraînement. Quand tu es dans son équipe, tu es souvent amené à gagner. Il apporte énormément par la voix et par la parole. C’est surtout ce que j’ai remarqué parce qu’on joue à un poste similaire et son rôle est un peu le mien. Je m’inspire beaucoup de lui. On a brièvement discuté, mais je suis surtout quelqu’un qui observe pour apprendre de la façon de faire de chacun. Ce qu’il dégage et ce qu’il démontre me suffit.
Pour clore tout ça, quel bilan dresses-tu du début de saison du LOSC ?
Je pense qu’il monte en puissance et que la philosophie de jeu plaît. Il avait déjà mis ça en place l’année dernière, mais les joueurs adhèrent encore plus, même les recrues. Cela prend de plus en plus. En termes de résultat, ils sont bien et je les vois bien finir sur le podium. J’espère pour tout le monde que ça arrivera, pour les joueurs, le club et les supporters.
Tu as parlé d’adhésion. Tu as vraiment senti cette envie, de la part du groupe, de se battre pour le coach et pour ses idées ?
Oui, mais alors complétement. C’est ce qui ressort beaucoup. Le coach, que ça soit avec nous, les recrues ou les anciens, il met toujours en place sa philosophie et discute beaucoup avec les joueurs. Il ne met personne à l’écart. Parfois, certains entraîneurs se contentent de leur groupe et ne calculent pas vraiment les joueurs qui viennent de plus bas, ce n’est pas son cas. S’il faut s’arrêter cinq minutes pour expliquer quelque chose à un jeune de 17 ans qui arrive du groupe Pro 2 ou des U19, il le fera. C’est bien pour tout le monde, ça donne envie de se donner d’autant plus et de respecter ses consignes.






