Publié le 9 octobre 2025 à 12:04

Crédit Photo : Le Petit Lillois / Corentin Betrancourt
Le journal italien « La Repubblica » a publié de nouveaux éléments, des conversations recueillies par la Guardia di Finanza, sur le transfert de Victor Osimhen du LOSC à Naples en 2020. Une audience est toujours prévue en novembre.
À l’été 2020, le SSC Naples finalisait ce qui allait devenir le transfert le plus coûteux de histoire : le recrutement de l’attaquant Victor Osimhen en provenance du LOSC pour un montant record de 70 millions d’euros, dont 20 M€ provenant de la vente ou de l’achat du gardien Orestis Karnezis et de trois jeunes joueurs napolitains (Luigi Liguori, Claudio Manzi et Ciro Palmieri). La justice italienne s’est depuis penchée sur cette opération, qui suggère la création de plus-values fictives grâce à la surévaluation de joueurs lambdas, et de nouveaux documents ont été révélés.
Le journal italien La Repubblica a obtenu l’accès à des conversations entre l’ancien PDG Andrea Chiavelli, le directeur sportif Cristiano Giuntoli et son adjoint Giuseppe Pompilio, ainsi que certains échanges avec le LOSC. Tout ceci date de juillet 2020 et fait désormais partie d’un rapport de la Guardia di Finanza. Une audience au sujet de l’affaire Osimhen est prévue au 06 novembre. Elle avait initialement, avant d’avoir été repoussée, été programmée au 03 octobre.
Les négociations
Le point clé du transfert de Victor Osimhen est l’écart entre le montant maximum que Naples était prêt à dépenser (50 M€) et les exigences du LOSC (70 M€). Il fallait alors entamer une gymnastique certaine pour que les deux positions se rapprochent. C’est ainsi que des échanges de joueurs ont rapidement été évoqués, d’abord par la formation lilloise, et Gérard Lopez, qui envisageait la possibilité d’inclure Fernando Llorente dans la transaction. L’attaquant espagnol était ainsi évalué à une quinzaine de millions d’euros (hors bonus), contre trois sur un site spécialisé tel que l’est Transfermarkt.
« Cela, mes chers amis, vous permet de payer un prix inférieur à celui de n’importe quel autre club, mais avec l’inclusion d’une valeur nominale. C’est ce qui est nécessaire pour conclure l’affaire », déclarait le président lillois.
Échange de joueurs
Les « négociations » débutaient alors avec une valse de noms mentionnés. Ceux du Brésilien Leandrinho, à l’époque prêté avec option d’achat (500 000€) à Bragantino, ou de l’Algérien Adam Ounas, qui rejoignait finalement le LOSC quelques années plus tard (2022-2024) et possédait « une valeur marchande réelle supérieure » aux premiers éléments évoqués.
Le LOSC proposait finalement Orestis Karnezis, gardien grec de 35 ans acquis deux ans plus tôt par Naples pour 2,5 millions d’euros. Gérard Lopez voyait de son côté les choses en grand : « Nous allons faire venir Karnezis à Lille pour la totalité des 20 millions d’euros. Il est extrêmement important qu’il n’y ait aucune communication sur l’accord ou le prix : cela irait à l’encontre de l’objectif de l’accord et nous ferait tous passer pour mauvais », précise-t-il dans un courriel. L’opération était finalement conclue le 20 juillet 2020, avec l’inclusion de trois jeunes éléments pour compléter les 20 millions d’euros exigés.
Il s’agissait de Luigi Liguori (évalué à 4M€ par les deux clubs), Claudio Manzi (4M€) et Ciro Palmieri (7M€), qui ont eux-mêmes avoué quelques années plus tard qu’il n’avait « jamais eu de contacts » avec le LOSC, ni « passé d’examens médicaux » pour une arrivée potentielle dans le Nord, dont ils n’ont jamais foulé le moindre grain d’herbe. Ils ont, depuis, évolué en deuxième, troisième et quatrième divisions italiennes, tandis que l’estimation de leur valeur marchande n’a jamais été supérieure à 200 000€ par joueur.
Offre acceptée
Les échanges dont la temporalité est similaire à la formulation de cette dernière contre-offre en dit long. Le 17 juillet 2020, le PDG Andrea Chiavelli écrit ironiquement à Cristiano Giuntoli : « Espérons qu’ils refusent… sinon, ce serait comme recourir à du vol », rédige-t-il dans un message assorti d’émojis. Il y a ensuite des conversations entre le dernier nommé et son adjoint Giuseppe Pompilio : « Je reste sur place, il m’a même dit de l’envoyer, en espérant qu’ils n’acceptent pas. Je dois parler à Aurelio (De Laurentiis). Quel terroriste ! », s’exprime Giuntoli. « Tu ne dois rien écrire. On ne peut pas laisser de traces dans les e-mails. À l’oral, fais ce que tu veux », lui répondait son adjoint. C’est manqué.
La méfiance émergeait également à Lille. Celle-ci est visible au travers d’un courriel interne envoyé par Julien Mordacq, directeur administratif et juridique, à Marc Ingla : « Il est de mon devoir de vous mettre à nouveau en garde contre les risques liés à cette transaction, sur la base des informations que je vous ai présentées verbalement. Tout détail jugé anormal pourrait remettre en question la nature globale de ces transactions et accords concernant cinq acteurs, et des éléments et justifications concrets devront être fournis. »
La défense de Naples
Le SSC Naples se défend évidemment avec fermeté : « Aucun complot illicite n’a été mis en évidence, mais plutôt la dynamique normale des négociations liées à la vente de joueurs de football, habituelle dans le secteur et exempte d’aspects pénalement pertinents », estime le club napolitain, qui ajoute dans un communiqué officiel que beaucoup « de phrases ont été sorties de leur contexte » et que cela ne permet pas « d’en saisir le véritable sens ».
Ce document publié à Naples évoque également la « surprise » suscitée par la publication dans la presse de « documents d’enquête qui, de par leur nature, auraient dû rester confidentiels ». Le club juge que leur diffusion « viole expressément l’interdiction établie par la loi ».
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