Yves Bissouma et son passage au LOSC : « Bielsa me disait que j’avais le potentiel pour être meilleur que Daniel Alves au poste d’arrière droit »

En pleine bourre avec les Spurs de Tottenham, avec qui il joue le titre en Premier League, Yves Bissouma a fait un bond en arrière, revenant sur son passage au LOSC, notamment sous les ordres de Marcelo Bielsa.

Issu du JMG Academy Bamako, Yves Bissouma (27 ans) a débarqué au LOSC en provenance de la capitale malienne en 2016. Une aventure lilloise sur laquelle il est longuement revenu dans un entretien accordé au format Colinterview : « Quand je suis arrivé, j’ai commencé à m’entraîner avec l’équipe B, avant de rapidement passer chez les professionnels. A l’époque, le coach était Frédéric Antonetti et c’est grâce à lui que j’ai fait mes premiers pas dans le monde professionnel. Il a eu confiance en moi, et je m’en souviendrais toute ma vie. Après lui, le club n’était pas stable, et les coachs se sont un peu enchaînés. Ce n’était pas simple à vivre. On a passé une mauvaise saison, mais on est resté en Ligue 1, c’était le principal. »

En effet, avant que Marcelo Bielsa ne pose ses valises chez les Dogues, le LOSC a connu une année particulièrement mouvementée lors de la saison 2016-17 avec trois coachs successifs : Frédéric Antonetti, Patrick Collot et Franck Passi. Une période délicate durant laquelle Yves Bissouma était néanmoins parvenu à s’illustrer, à tel point qu’il s’était attiré quelques convoitises : « La saison d’après, c’est celle où Bielsa arrive. Mais avant ça, j’avais enchaîné pas mal de matchs après la CHAN, j’avais été plutôt bon et j’avais donc eu des offres importantes. Y a notamment l’AS Monaco qui me voulait, mais les dirigeants du club n’ont pas voulu me laisser partir. Ils ont dit tous les mots que je voulais entendre, me disant que j’allais être au centre du projet, alors je suis resté pour faire une deuxième saison. A l’époque, je voulais partir, parce que Monaco, c’était quelque chose. On m’a donc dit que Bielsa voulait absolument que je reste, et que si je partais, il ne venait pas à Lille. Je suis donc resté », confie l’international malien, qui n’a pourtant pas été mis dans les meilleures conditions sous la houlette de Marcelo Bielsa, cantonné au poste d’arrière droit : « A ce moment-là, Lille achète plein de joueurs, des pépites comme Nicolas Pépé, et aussi des milieux de terrain. Je n’ai pas peur de la concurrence, j’ai confiance en moi, mais là, Bielsa fait quoi ? Il me fait jouer arrière droit (rires) parce que Kevin Malcuit était blessé. Il me dit que je suis le seul capable de dépanner sur ce côté, et donc je le fais pour aider l’équipe, j’ai toujours été dans cette logique-là. Je suis prêt à tout pour l’équipe. J’ai fait des bons matchs à ce poste, puis Kevin (Malcuit) revient. Je pensais pouvoir revenir à mon poste, et là il me dit que non, qu’il veut me laisser arrière droit. Il voulait que je fasse une carrière à ce poste, mais ce n’est pas mon poste. Je suis milieu de terrain. On a eu une discussion durant laquelle je lui ai expliqué mon point de vue, gentiment tu vois, mais il ne voulait pas comprendre. Il est même allé jusqu’à dire que j’avais le potentiel pour être meilleur que Daniel Alves à ce poste (rires). Ce n’était pas croyable… »

Une situation difficile, qu’il avoue avoir eue du mal à gérer à l’époque. Il remercie d’ailleurs Nicolas Pépé pour son soutien de l’époque, la voix de la sagesse : « A un moment, je n’en pouvais plus, c’était trop compliqué pour moi et donc on a eu quelques petits différents. C’est une très bonne personne, c’est sûr, mais je ne m’entendais pas avec lui, comme pas mal de joueurs. Il avait changé les postes de tout le monde et faisait ses trucs dans son coin. Ce n’était vraiment pas facile, et heureusement que Nicolas Pépé était là, il arrivait toujours à me calmer. Tu as beau t’énerver, tu ne peux rien faire vis-à-vis des choix du coach », lance-t-il, confiant que ces conflits incessants auraient pu le pousser à quitter le LOSC de façon prématurée : « J’ai pensé à partir à un moment, c’est vrai que partir en hiver m’a traversé l’esprit, mais avant toute chose, je suis un challenger, c’est mon état d’esprit. J’aime relever les défis et je ne voulais pas partir parce qu’il fallait que je le fasse. Je voulais partir après avoir fait quelque chose, je ne voulais pas abandonner. Je trouve ça valorisant et je ne quitterais jamais un club, comme je l’ai fait avec Lille, sur une mauvaise note. Je ne veux pas vivre ce genre de regrets dans ma vie », conclut-il ainsi son passage sur Marcelo Bielsa.