LOSC
Bollaert, une deuxième maison pour les Dogues

Alors que le LOSC s’apprête à retrouver son meilleur ennemi, le RC Lens, dans le cadre de la 36ème journée de Ligue 1. La rencontre se jouera dans l’antre du club de l’Artois, le Stade Bollaert-Delelis. Les supporters lillois le connaissent bien : le LOSC y a joué au total 60 matchs toutes compétitions confondues. Retour sur un Stade qui réussit bien aux Dogues.
Une ambiance électrique
« Bollaert, c’est chez nous ! ». Dimanche dernier, Ludovic Obraniak, consultant pour la chaîne L’Équipe, donnait le ton. Vendredi 7 mai, le LOSC se déplace chez son voisin Lensois dans ce qui s’annonce être un match historique.
Un derby à Bollaert, c’est une ambiance particulièrement tendue. Bagarres, provocations, tacles rageurs… ce sont aussi ces ingrédients qui rendent ce derby inimitable et unique. En témoignent les derniers derbys dans l’antre du RCL. En 2009, les Artésiens célèbrent leur retour en Ligue 1 par un 103ème derby du Nord, pour le compte de la sixième journée de Ligue 1. Le match est entaché d’erreurs d’arbitrage flagrantes, notamment de deux pénaltys oubliés sur Gervinho, alors à peine arrivé du Mans. Les Lensois ouvrent le score grâce à Razak Boukari au début de la seconde période, sur une erreur d’appréciation du gardien Ludovic Butelle. Les Dogues poussent pour revenir, mais ne vont pas être aidés par l’exclusion de Yohan Cabaye 43 secondes seulement après son entrée en jeu. Les Lillois doivent aller chercher le match nul : leur début de saison est insuffisant et une nouvelle défaite les précipiteraient dans la zone rouge. A la dernière minute, le sauveur se nomme Adil Rami. Sur un long ballon du capitaine Rio Mavuba, le défenseur international français s’élève plus haut que tout le monde et smash le ballon de la tête, qui atterrit dans le petit filet de Runje. Les joueurs lillois se précipitent pour célébrer vers un parcage visiteur rempli de supporters lillois effervescents.
Un an plus tard, le LOSC s’apprête à jouer son dernier derby en date à Bollaert. A l’époque, l’équipe lilloise, coachée par Rudi Garcia et menée par Eden Hazard, Gervinho ou encore Rio Mavuba, n’a toujours pas gagné depuis le début de la saison. Cette cinquième journée est alors l’occasion pour les Dogues de retrouver le chemin de la victoire de la plus belle des manières : en triomphant de l’ennemi Lensois. En première mi-temps, Gervinho ouvre le score d’une belle frappe croisée du gauche, permettant aux lillois de prendre les devants. Mais à la fin de la première période, les esprits s’échauffent. L’arbitre Tony Chapron perd les pédales, et exclut un premier lensois (Sébastien Roudet) pour contestations. Mathieu Debuchy et Florent Balmont en viennent aux mains avec l’attaquant Lensois Issam Jemaa, et s’ensuit une bagarre générale entre les joueurs. Le public de Bollaert, révolté, peste contre l’arbitre. L’arbitre de touche reçoit un projectile et le match est arrêté. La mi-temps est bienvenue, mais elle ne va pas calmer les ardeurs de chacun. Dès la rentrée des vestiaires, Issam Jemaa est de nouveau avertit, cette fois-ci pour une simulation, et se retrouve donc exclut par Tony Chapron. A neuf, des Sang-et-Or combatifs égalisent par Boukari (encore lui) mais se voient punis par des Lillois supérieurs dans tous les domaines. L’entrant Frau y va de son doublé, et Gervinho finit le travail d’une tête imparable pour Runje. Le virage visiteur exulte, le LOSC vient de lancer sa saison. Elle se ponctuera par un doublé historique.
Des épopées européennes
En 2001, à peine sacrés champions de D2, les Lillois déjouent tous les pronostics et se qualifient pour les barrages de la Ligue des Champions. Face au grand Parme, mené par Cannavaro, Sébastien Frei ou encore Lamouchi, le LOSC frappe un grand coup et élimine le club transalpin grâce au but à l’extérieur (2-0; 0-1). Problème : le Stade Grimonprez-Jooris ne semble pas aux normes pour accueillir des matchs du calibre de L’UEFA, qui doit donner son aval. Cette instance interdit au club lillois de jouer dans son stade, jugé trop vétuste pour accueillir des matchs européens. Mais alors, où va jouer le LOSC ? Contre toute attente, c’est finalement le stade du voisin et ennemi Lensois qui est réquisitionné pour accueillir les matchs européens des Dogues.
Qui l’eut cru ? Le LOSC délocalisé au Stade Bollaert écrit parmi les plus belles pages de son histoire, avec des épopées européennes dans la plus grande compétition, que le club n’a jamais reproduite depuis.
Tout d’abord, c’est la bande à Vahid qui va jouer, pour le compte de la saison 2001-2002, la première campagne du LOSC en Ligue des Champions. Les Dogues tombent dans le groupe de La Corogne, de l’Olympiakos et de Manchester United. Des équipes historiques pour des Dogues novices, emmenés par les frères Cheyrou, Fernando d’Amico ou encore Grégory Wimbée. Les Lillois vont pourtant réaliser l’exploit d’être invaincus à domicile durant leur première campagne. Une première victoire face à l’Olympiakos, puis des matchs nuls face à La Corogne et Manchester United. Les Dogues sont solides, et n’encaissent que deux petits buts en trois matchs, pour quatre buts marqués. Repêchés en Coupe UEFA, les Dogues peuvent retrouver leur antre de Grimonprez-Jooris pour affronter la Fiorentina.
Le LOSC déménage, à compter de 2004, au Stadium Nord, situé à Villeneuve-d’Ascq et d’une capacité totale de 17.000 spectateurs. Alors, lorsque les Dogues se qualifient une nouvelle fois pour la Ligue des Champions, en 2006-2007, ils sont de nouveau obligés de se délocaliser chez le voisin lensois. Cette fois-ci, les contestations se font encore plus fortes et nombreuses : les ultras du RCL, les Red Tigers, rédigent un communiqué en réponse à cette nouvelle venue des Dogues, qui, selon ce même communiqué, « salissent » les travées du Stade Bollaert. Un collectif « Non au LOSC au Stade Bollaert » est même créé. Pour cette campagne 2006-2007, le LOSC tombe une nouvelle fois sur un groupe relevé, composé de l’AC Milan, de l’AEK Athènes et d’Anderlecht. Pour la première fois de leur histoire, les Dogues se qualifient pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Le tirage au sort leur donne un nouvel affrontement face à Manchester United. Pas déméritant dans le jeu, les Dogues sont victimes d’une terrible bévue arbitrale. Alors que Tony Silva place son mur, le Gallois Ryan Giggs tire dans le but vide, avant même que le gardien sénégalais n’ait fini de coordonner ses joueurs. Mais ce n’est pas tout, des supporters anglais sont suspectés de s’être introduit sans billet dans le stade. Cet événement donne lieu à des affrontements avec la police française. Le LOSC sera tenu responsable et devra verser une amende encore plus conséquente que celle infligée à Manchester United… Le club lillois sort de la Ligue des Champions à la suite de ce match, et encore aujourd’hui, beaucoup de supporters restent hantés par l’erreur de l’arbitre Eric Braahmar.
Le LOSC à Bollaert en coupe d’Europe, c’est une réussite : 2 victoires, 4 nuls et une seule défaite donc face à Manchester United. Après 2007, le LOSC n’est plus jamais revenu au Stade Bollaert en tant qu’équipe « recevant ». En 2011, les Dogues accueillent finalement la Ligue des Champions… au Stadium Nord, cette fois-ci homologué, puis la saison d’après, dans un Stade Pierre-Mauroy flambant neuf.
Une histoire particulière
Les Dogues connaissent bien le Stade Bollaert. Depuis des décennies, les Lillois y rencontrent leur meilleur ennemi, le RC Lens, à l’occasion d’un des derbys les plus chaud de France. Mais depuis 2007, les derbys face au RCL se font rares. La faute à des parcours sportifs médiocres de la part des Artésiens, englués de longues années dans l’antichambre de l’élite, pendant que le voisin lillois rayonne sur la scène nationale. Déjà rares, les passages du RC Lens en Ligue 1 se font dans d’autres stades, à cause des travaux de rénovation du stade Bollaert pour l’Euro 2016. Mais alors, où doit jouer le RC Lens ? Gervais Martel demande à Michel Seydoux son accord pour jouer au Stade Pierre-Mauroy, ce qu’il refuse. Ce refus crée la polémique : les Lensois ont déjà prêté leur stade aux Dogues dans le cadre de la Ligue des Champions. Mais Michel Seydoux rappelle les conditions dans lesquelles Lille a joué, par deux fois, au Stade Bollaert : pour des matchs ponctuels, avec fermeture des loges VIP, une interdiction des insignes du LOSC et un loyer à payer plein pot pour les dirigeants lillois. Alors, lorsque Gervais Martel souhaite installer le RC Lens au Stade Pierre-Mauroy, Michel Seydoux refuse et ne plie pas. Il propose au voisin Lensois de jouer au Stadium, qui est adapté aux normes de la Ligue 1 et dans lequel le LOSC a du patienter durant une dizaine de saisons. En 2014-2015, les Sang-et-Or vont donc jouer au Stade de la Licorne à Amiens, un stade que les supporters lillois connaissent (malheureusement) bien. Les dirigeants Artésiens reprennent également une vieille idée lilloise et jouent certains de leurs matchs de gala au Stade de France.
Pourtant, voir le LOSC et le RC Lens cohabiter au sein d’un même stade n’est pas si inimaginable que cela en a l’air. En effet, lorsque Michel Seydoux arrive à la tête du LOSC, en 2002, il propose à son homologue lensois la création d’un stade commun aux deux clubs, à la manière d’un San Siro en Italie, qui se situerait entre Carvin et Hénin. L’idée est complètement folle, mais pas si bête : les deux clubs se seraient alors enrichis grâce à cette double location. « On aurait pu l’appeler le Stade des terrils » commente Michel Seydoux pour La Voix du Nord. Mais l’idée parait trop saugrenue pour le président du RCL, Gervais Martel, arguant que « l’économie est une chose, et le cœur en est une autre ». Un raisonnement qu’il ne réutilisera pas quelques années plus tard, au moment de demander l’autorisation de jouer au Stade Pierre-Mauroy.
Cette saison, le LOSC a encore une fois rendez-vous avec l’histoire. Il y a dix ans, la victoire de la bande à Rio Mavuba permettait aux Dogues de se libérer, autant dans le jeu que dans les résultats. Cette fois-ci, les Dogues peuvent réaliser le coup parfait : prendre une sérieuse option sur le titre et priver l’ennemi d’une qualification en Coupe d’Europe.
Joseph Da Rocha
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