Football
Go Rijsel Spirit, l’autre poumon de Pierre Mauroy
Sur les routes de France, depuis leur tribune sud ou dans la vie du club, ils ont fait leur trou : en sept ans d’existence, les Go Rijsel Spirit se sont clairement fait un nom dans le microcosme du LOSC. Rencontre avec Didier et Johnny, deux des leaders du deuxième kop lillois.
Comment sont nés les Go Rijsel Spirit ?
Johnny : Je ne fais pas partie des fondateurs, mais j’ai été présent dès le début de l’aventure. Tout a commencé depuis la page Facebook Go Rijsel, qui traite de l’actualité du LOSC. Avec d’autres internautes fans des Dogues, nous avons évoqué l’idée de fonder notre propre groupe de supporters pour suivre le club. Nous nous sommes rapprochés des Rijsel Spirit (ndlr : un groupe installé dans le virage sud à l’époque du Stadium Nord) pour finalement fusionner. C’est ainsi que nous avons baptisé la section « Go Rijsel Spirit ».
Quel était votre rapport au LOSC avant de former ce groupe de supporters ?
Didier : J’ai commencé à aller voir le LOSC à Grimonprez-Jooris avec des potes. Lorsque nous sommes arrivés au Grand Stade, j’ai passé une saison de supporter passif, en dehors du kop. J’ai ensuite rejoint les Go Rijsel Spirit car ils correspondaient à ma vision d’un groupe de supporters. Depuis quelques années, j’endosse le rôle de dessinateur des GRS.
Johnny : Moi aussi, j’ai découvert le LOSC à Grimonprez, lors d’un Lille-Auxerre en 2002. Je me souviens que ma soeur m’a emmené pour la première fois en DVE, à l’époque en seconde basse. Par la suite, je n’ai passé mes matchs qu’en DVE jusqu’à l’arrivée au stade Pierre Mauroy et la création des Go Rijsel Spirit. Aujourd’hui, je suis co-président du groupe et capo de la tribune sud.
Comment décririez-vous les GRS aujourd’hui ?
Didier : Nous sommes un groupe d’une centaine de membres, mais notre bloc en tribune regroupe entre 200 et 250 personnes les soirs de matchs. Nous sommes tout sauf des hooligans. En partant du principe que l’on passe le match debout et que l’on chante, on se rapproche plutôt d’un groupe ultra, mais sans la moindre agressivité. Il y a un esprit familial qui nous tient à cœur, avec des papas qui emmènent leurs enfants en tribune. Nous voulons simplement participer à l’ambiance du stade à notre manière.
« Beaucoup de respect pour les DVE »
Vous avez-passé vos premières saisons en tribune nord, à côté des DVE. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Johnny : On n’en garde que des bons souvenirs, ça se passait très bien, mais on ne pouvait pas grandir à côté d’eux. Il n’y avait pas de capo officiel ni de passerelle, nous n’étions pas vraiment chez nous. On essayait de relayer leurs chants du mieux que l’on pouvait mais il fallait que l’on ait notre tribune.
Didier : Le groupe majeur a sa tribune, c’est logique, et nous avons toujours respecté ça. Il fallait que l’on prenne notre indépendance pour continuer à nous développer. Pour nous, il était important d’aller face aux DVE pour leur faire écho et réveiller la partie sud du stade, ce qui n’est pas toujours facile.
Quels rapports entretenez-vous avec les DVE ?
Didier : Ils sont très bons. Nous ne sommes pas dans une lutte fratricide, à vrai dire nous voulons la même chose qu’eux : mettre de l’ambiance aux matchs. J’ai beaucoup d’amis dans ce groupe, on s’entend très bien. Il nous arrive souvent d’échanger avec des gars de chez eux sur les animations du stade, on s’envoie même des photos de nos tifos respectifs puisqu’on est juste en face. Les DVE ont plus de pouvoir que nous mais c’est légitime, ils ont trente ans, ils sont emblématiques.
Johnny : Je suis d’accord, tout se passe bien entre nos deux groupes. Nous avons beaucoup de respect pour eux, d’ailleurs on se file régulièrement des coups de main. Il est déjà arrivé qu’on leur prête des rouleaux de plastique pour leurs tifos et inversement.
Comment se sont passées les négociations avec le club pour déménager en tribune sud ?
Didier : Ce fut très long et très difficile, nous avons négocié pendant près de deux ans avec la direction. Le club avait peur que l’on crée une deuxième tribune nord avec tout ce que cela implique. Il a fallu monter un dossier béton pour les rassurer car la politique de sécurité du stade était très sensible. Nous avons même signé une charte promettant le respect des supporters adverses, des joueurs sur le terrain, de faire attention aux enfants en tribune…
Johnny : Je me souviens très bien du jour où les dirigeants ont validé notre changement de tribune. C’était en avril 2017, nous étions en déplacement à Bastia avec quelques membres du groupe lorsque Jean-Michel Vandamme nous passe un coup de fil. Il nous annonce que le club est prêt à accéder à notre demande. Ce fut un vrai soulagement, une satisfaction.
« Les GRS, une seconde famille… »
Aujourd’hui vous avez votre propre kop pour la troisième saison. À quoi ressemble l’ambiance de l’autre côté du stade Pierre Mauroy ?
Johnny : On a bien progressé ces dernières saisons mais il reste encore du boulot. Même avec une passerelle, que nous avons obtenue récemment, et un capo pour lancer les chants, il est très difficile de bouger les blocs autour de nous. L’évolution du groupe est positive mais tout le monde ne chante pas encore dans la tribune.
Didier : Honnêtement, c’est très dur de mettre de l’ambiance en tribune sud même si c’est ce que l’on a toujours voulu. Moi, je ne m’imagine plus m’asseoir pour regarder le match, j’ai besoin de chanter. Le supporter lillois est très dur à mobiliser, le stade est souvent mort de notre côté. Et encore une fois, la politique sécuritaire du stade n’aide pas toujours…
Les Go Rijsel Spirit ont longtemps eu cette réputation de grands migrateurs, présents partout en France pour soutenir le LOSC. Qu’en est-il en 2020 ?
Johnny : Depuis quelques années, on en fait un peu moins. Je crois qu’il y avait un noyau de jeunes très motivés, toujours partants pour aller aux matchs à l’extérieur, qui a pris un peu d’âge. Personnellement, je m’apprête à être papa, ce n’est plus comme avant. En tout cas c’était une sacrée époque, on était présents partout. Nous étions le groupe de supporters du LOSC qui se déplaçait le plus en bus. D’ailleurs, les déplacements ont largement contribué à nous développer.
Comment donneriez-vous envie à un supporter du LOSC de rejoindre vous rangs ?
Didier : Les Go Rijsel Spirit, c’est une seconde famille. Nous ne sommes que 200 dans le kop, on se connaît tous, on passe même du temps ensemble en dehors des matchs, il n’y a jamais de problème. Tout le monde peut venir chanter et mettre de l’ambiance en toute sécurité. J’emmène mon enfant de onze ans en tribune et je veux pouvoir le faire longtemps. Seulement, si tu fais le choix de passer un match avec les GRS, tu restes debout et tu chantes 90 minutes.
Leur page Facebook : Go Rijsel Spirit
Leur compte Twitter : @gorijselspirit
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Opi
14 avril 2020 at 20:11
Il n’y a pas que la politique sécuritaire du stade qui pose problème pour l’ambiance, l’architecture du stade nuit à l’ambiance avec des tribunes pas assez hautes et les loges VIP présentes au niveau 1 sur l’ensemble des tribunes est un frein à l’ambiance.
Xav
17 avril 2020 at 08:26
On ne peut pas se plaindre du stade, il peut toujours être mieux mais on a un super stade. L’aspect sécuritaire est certainement contraignant. Maintenant le supporter lillois comme la majorité en France n’a pas cette culture foot que l’on peut avoir dans des pays comme l’Allemagne, Argentine,… C’est au GRS, au DVE et avec le soutien du club de se démener pour changer les habitudes. Le hroupe DVE a une réputation malheureuse de bloc d’extrême droite ce qui gêne sa progression. Et les GRS pas encore assez connu. Mais cet article est très intéressant et il en faut encore pour attirer les supporters lillois frustrés de devoir rester assis tous le match dans les tribunes actives.